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chent le ciel. A la repetition, quand M. de La Grange lui dit qu'il l'aime a en mourir, elle pense qu'elle en mourra. Elle n'ose descendre dans son coeur, elle n'ose s'avouer les charmeries de ce comedien qui met tant d'art dans sa passion, ou plutot tant de passion dans son art. Pour elle, c'est l'ideal des hommes. Grace a lui, elle a perdu son point d'appui sur la terre, c'est-a-dire sa foi en Dieu: elle etait toute ame, elle est tout coeur. Quand elle revient a la raison, elle s'effraye; mais tel est l'empire de cet homme, qu'elle se rejette vers lui avec affolement. Enfin on joua la comedie; son emotion la servit, tout le monde fut touche et ravi. On declara que jamais on n'avait aussi bien joue la comedie dans le monde. C'est qu'il y avait moins de jeu que de naturel, c'est que c'etait l'amour lui-meme qui parlait par cette bouche de dix-huit ans qu'un baiser voluptueux n'avait jamais profanee. IV On arrivait a la semaine sainte. Bien qu'on parlat d'une autre comedie et que la duchesse de C*** priat Lucia de donner une seconde representation des _Trois cousines_, Lucia se retourna vers Dieu et s'enfuit au chateau d'Harcours. Pourquoi? Elle ne le savait, ou plutot elle le savait bien: elle avait peur de sa joie amoureuse. Elle ne voulait plus voir M. de La Grange, elle jurait de ne plus quitter la solitude. En passant a Orleans, sa gouvernante s'etait attardee dans sa famille. Au chateau, Lucia trouva tout le monde en joie et liesse, le jardinier mariait sa fille; le soir, on lui demanda la permission d'aller danser au village voisin: dans son desir d'etre seule, elle donna conge a tout le monde. On lui avait allume un grand feu, elle feuilleta des livres, elle se prepara du the. Elle s'abandonna a ses souvenirs, plus effrayee par son amour que par le vent qui pleurait sur les arbres du parc et hurlait dans la cour du chateau. Cependant, vers onze heures, Lucia commenca a se dire que la solitude est terrible la nuit dans un manoir en ruine, perdu dans les bois; mais, comme toutes celles qui ont de la vaillance, elle eprouvait quelque plaisir a braver la nuit devant tous ces portraits de famille qui la regardaient. Vers onze heures et demie, le feu s'eteignit presque, le feu, cet ami qui lui parlait et qui ne lui disait plus rien. Elle avait deja pris deux tasses de the, elle rapprocha la bouilloire des dernieres braises en se demandant si elle rallumerait le feu, ou si elle irait se coucher. Elle
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