piece rectangulaire, de dimension mediocre, avec un cabinet de toilette minutieusement installe.
-- Ce n'est pas ta chambre, au moins ? questionna Maud.
-- Oh ! non. Ma chambre est a cote de celle de maman.
Et, un peu rose, Etiennette ajouta:
>-- C'etait la chambre de Suzanne. L'an passe, elle est revenue demeurer avec nous. Elle etait souffrante: elle n'a pas la poitrine tres solide. Au bout d'un mois passe en famille, elle allait mieux. Malheureusement, elle s'est toquee d'un acteur du Gymnase. Il n'y a plus eu moyen de la garder.
-- Ou est-elle, maintenant ?demanda Maud distraitement, inspectant la piece et les meubles.
-- Nous ne savons pas... Nous croyons qu'elle est a Londres, avec cet acteur. Pauvre Suzon !
Etiennette essuya quelques larmes qui glissaient jusqu'a ses cils.
-- Et ta mere, demanda Maud, ou couche-t-elle ?
-- Au dela du salon et de ma chambre... Et comme elle est condamnee a rester tout le jour au lit ou sur une chaise longue, tu vois qu'on est ici tout a fait tranquille.
-- Les domestiques ?
-- Les domestiques, dit Etiennette en souriant, sont tout simplement une petite bonne a tout faire que j'aide beaucoup, et qui, d'ailleurs, reste presque constamment apres de maman... Les jours ou tu auras besoin de cette chambre, previens-moi par un "bleu". Je te donnerai une clef de l'appartement, tu n'auras meme pas a sonner.
Elle disait tout cela naivement et simplement, heureuse de servir son amie, sans discuter la qualite du service. Si chaste de moeurs, si pure elle-meme de telles intrigues, les spectacles de sa jeunesse l'avaient pourvue pour le libertinage d'autrui d'indifference ou d'indulgence: triste et touchant produit de ce Paris qui produisait ailleurs des demi-virginites d'autre sorte, comme celle de Maud, de Cecile Ambre, des petites Reversier.
Elles avaient regagne le salon. Maud, deja, voulait partir.
-- Sept heures moins un quart, pense ! Avec cette neige, il me faut vingt-cinq minutes pour arriver chez moi. Et ma toilette ! J'ai a peine une heure devant moi. Adieu.
-- Adieu, puisque tu le veux... As-tu vu Paul depuis hier soir ? demanda Etiennette sur le seuil de l'antichambre.
-- Non. Tu l'as vu, toi, petite cachottiere ?
-- Oh ! il vient ici a peu pres tous les jours, mais si tu savais comme c'est convenable, nos entrevues ! Donc je l'ai recu aujourd'hui, apres le dejeuner. Nous avons parle de toi. Son frere et lui ont le projet de nous reunis tous a Chamblais avant le depar
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