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pas qu'elle appartienne a un autre qu'a moi." Bientot ils eurent perdu de vue les futaies noyees de brume pale. Maxime jeta la rame au fond du bateau; ils eussent pu se croire vraiment au plein milieu de la mer. Il dit a voix basse: -- Je voudrais que cette heure n'eut point de fin, ou que cet etang nous engloutit tous les deux, mais que jamais personne ne vous vit plus. Elle repondit, en fixant sur lui ses yeux dont elle savait le pouvoir magnetique: -- Pourquoi doutez-vous de moi ? Et a ces simples paroles, tant elles le bouleverserent, il fut a ses pieds, baisant sa main qu'elle lui laissait prendre, balbutiant: -- Pardon ! pardon ! -- Croyez-vous donc, reprit Maud, que je vive dans le monde ou je souhaiterais vivre ? Ah ! des que je pourrai m'en evader, de cet horrible Paris !... Les levres sur cette main qui maintenant voulait se derober, Maxime osa repeter: -- Pardonnez-moi ! Je vous aime tant ! Elle retira sa main et dit sans colere, mais la voix emue: -- Ramenez-moi ! Il reprit doucement la rame. Ils aborderent sans rien dire, apres une traversee silencieuse. Mais comme ils regagnaient le chateau, Maxime reprit courage sous la voute des arbres nus. -- Maud, dit-il, vous savez que je vous appartiens. Je ne me donne pas a demi: je suis votre esclave, pour toujours, si vous voulez. Mais, je vous en supplie, si vous devez me repousser, ne jouez pas avec moi comme avec un de ces hommes au coeur leger qui vous entourent... Vous savez que je pars bientot. Je pensais rester trois semaines a Vezeris, puis revenir ? Dois-je revenir ? Elle serra de sa main droite le bras du jeune homme: -- Avez-vous foi en moi, maintenant ? Il repondit: - J'ai foi en vous. -- Comme en votre soeur ? -- Comme en ma soeur. -- M'aimez-vous ? -- Plus que ma soeur, plus que ma mere, plus que tout. -- Eh bien ! repliqua Maud, revenez. Durant ces trois semaines, pensez a moi, pensez a l'avenir. Je n'accepte qu'une affection reflechie. Moi, je vous promets que jusqu'a votre retour, on ne me verra ni au theatre, ni dans le monde; je ne sortirai pas. -- Oh ! pardon ! pardon encore ! s'exclama Maxime. Je suis indigne de vous ! Il voulait l'attirer contre lui, -- heureux aussitot de la sentir se derober, refuser meme la plus chaste etreinte de fiancailles. Et dans cette retraite brusque, sincere comme celle d'une pudeur farouche, il ne sut pas demeler la revolte instinctive de la femme amoureuse, coeur et corps, d'un
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