mps de maladie; mais une femme de plaisir, malade, n'a plus de raison d'exister. Bien peu monterent encore l'escalier de la rue de Berne; les derniers sept mois, quand Mathilde hydropique cessa de se lever, elle ne vit plus guere que les deux Le Tessier. Puis Hector lui-meme se fit rare. Paul resta l'hote assidu, quotidien; il trouvait aupres d'Etiennette la delicieuse distraction qu'est pour l'homme affaire une amie jeune fille, jolie et point surveillee. Tel est l'egoisme de Paris devant la maladie de ceux qui, comme les courtisanes et les artistes malades, ne servant plus son plaisir.
Paul cependant, Etiennette l'avait dit a Maud, n'etait egoiste qu'a la surface, ou plutot son egoisme avait une fissure: la souffrance d'un etre qui l'aimait l'eut ravage. Il offrit vingt fois a la jeune fille, la voyant si courageuse dans sa lutte contre la pauvrete, de la tirer d'embarras, protestant qu'il ne demanderait rien en echange, et il etait sincere: son coeur contenait cette lie d'attendrissement que la quarantaine fait remonter a la surface des ames de viveurs. Etiennette refusa: elle ne voulait rien recevoir de lui, justement parce qu'elle l'aimait un peu. Certes, ses sens tranquilles n'appelaient point d'amour: Paul l'avait conquise par la continuite de sa presence, trouvant chaque jour quelques heures pour elle dans une des vies les plus disputees de Paris. Elle lui gardait la tendresse speciale des femmes chastes qui veulent donner leur corps en preuve de supreme abandon, mais pour cela meme, sachant combien il souille l'amour, elle repoussait l'argent de l'homme qu'elle aimait. Paul ceda au charme de cette tendresse desinteressee. Il s'y enlisa peu a peu: on n'echappe guere, surtout a pareil age. Peu a peu il n'imagina plus Etiennette hors de sa vie; mais comment y demeurait-elle s'il ne l'epousait ? A la verite il s'exagerait encore l'opiniatrete de sa resistance; il ne soupconnait pas que la jeune fille, instruite par toutes les compromissions qu'elle avait connues, souhaitait d'etre honnete femme, sans trop de foi... Si elle lui eut avoue son voeu secret: reussir comme artiste, gagner sa vie et, des lors, se donner sans conditions, l'egoisme de Paul Le Tessier eut sans doute accepte. Elle ne dit rien, point par habilete, par vraie pudeur. Et Paul s'habitua a l'idee qu'il l'epouserait un jour, plus tard, a une sorte de retraite de la vie officielle et mondaine. Insensiblement, il rapprocha cette echeance... "Pourquoi pas bientot ? La mere n'en a pas p
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