ui venait meme pas: signe indiscutable de l'atheisme vrai.
Depourvu d'appui ou fonder sa resistance, il arriva ce qui devait arriver: une derniere lettre eut raison de ses resolutions. La lettre, "typee" a la machine, disait:
Vous ne voulez pas voir, decidement et vous allez vous marier avec une creature ! Cette lettre est la derniere que vous ecrira la personne qui s'interesse a vous: prenez-y garde ! Si vous n'etes pas un enfant ou un fou, trouvez-vous aujourd'hui, jeudi, entre cinq et six heures, rue de la Baume, en vue d'une petite porte de fer, la seconde, en venant de l'avenue Percier. Que vous en coute-t-il d'aller voir ? Personne ne le saura, si ce que nous vous disons n'est pas vrai, et, dans ce cas, vous serez rassure definitivement..."
Le correspondant mysterieux, homme ou femme, qui signait sa lettre: _Prudence_, etait certes un psychologue assez avise. Les deux arguments qui terminaient deciderent Maxime. L'un s'adressait aux moins nobles sentiments: "Personne ne le saura." Mais que vaut notre conscience, la plupart du temps, isolee de la conscience universelle ? L'autre argument faisait miroiter l'espoir de la delivrance: c'etait le flacon de morphine montre au nephretique a qui l'on dit: "Vous ne souffrirez plus apres la piqure..." A cinq heures, il etait rue de la Baume. Il vit entrer celle qu'il prit pour Maud; il attendit cinq quarts d'heure devant la porte de fer, quand elle fut entree. Cinq quarts d'heure durant lesquels il eut _la certitude_ que Maud etait la, dans les bras de Suberceaux... Cinq siecles ? Point. Ce ne fut ni long ni court, ce ne fut pas du _temps_ a proprement dire: toute categorie de succession avait disparu: il souffrit a chaque seconde tout son martyre... Qu'on imagine, apres cette passion, la resurrection de ce damne, quand il constata, de ses yeux, que la femme entree chez Suberceaux _n'etait point Maud_. Non seulement cela le rassurait pour cette fois, mais, du coup tout etait explique: on prenait pour Maud une autre femme. La lettre anonyme avait bien dit: Maxime ne pouvait etre plus completement rassure.
Et cet incident, d'apparence romanesque, n'etait meme point ce que notre ignorance des causes appelle ordinairement le hasard. Comme tous les voluptueux professionnels, Julien, sachant l'incertitude des rendez-vous de Maud et leur rarete, avait des doublures a ce premier role, des obeissantes qui venaient au moindre signe et occupaient les heures devenues libres, atroces d'enervement. Des que M
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