s quelques voyageurs s'etaient disperses deja, emportes par les voitures publiques vers le village, situe a l'oppose des bois, dans la vallee de l'Oise.
Maxime et Suberceaux se dirigerent du cote du bois. Ils ne se parlaient pas, genes par le large vide qui les environnait, comme si le paysage nu les eut guettes. L'homme ne se sent point en surete pour exprimer sa pensee confidentielle, sinon dans les espaces etroits et clos. Des qu'ils eurent franchi la lisiere des premiers taillis, dans le chemin qui menait au chateau d'Armide, ils ralentirent le pas.
-- Monsieur, dit Maxime, je tiens a vous faire part de mon sentiment, avant toute demande d'explication; cela me permettra de vous dire en pleine liberte que je regrette sincerement ce qui s'est passe. J'ai agi sous l'empire d'une emotion violente qui ne raisonne pas, -- que vous devez comprendre... Je fais... toutes mes excuses a... la personne en question. Voila.
C'est une caprice ironique de la Destinee, ces malentendus qu'elle fait planer parfois sur les rencontres les plus tragiques: et cette ironie les rend plus tragiques encore.
Julien ne comprit point ce que Maxime voulait dire. Mais il ne lui vint pas a l'esprit qu'il put s'agir d'une autre femme que de Maud. Juliette Avrezac etait si loin de sa pensee en ce moment et toutes les femmes, hors Maud de Rouvre ! Il comprit seulement que l'ancien officier prenait posture d'excuse et de derobage. Et, habitue a dominer les autres hommes, a les passer outre, cela ne l'etonna pas.
-- Alors, monsieur, demanda-t-il avec hauteur, si ce sont la vos sentiments, qu'allez-vous faire chez Mme de Rouvre ?
Maxime, cette fois, soupconna l'erreur.
-- Je crois decidement, repliqua-t-il avec rudesse, que nous ne parlons pas de la meme personne. Je veux dire, moi, la jeune fille que vous avez recue chez vous, ou du moins qui est sortie de votre maison, a six heures, il y a quelques jours.
-- Juliette Avrezac ?
-- C'est vous qui la nommez.
-- Eh bien ! qu'est-ce que cette petite a a faire ici ?
-- Ah ! vous ne savez pas ce qui s'est passe ? Ce n'est pas mon role de vous l'apprendre. J'ai ete induit en erreur. C'est de cette erreur que je m'excuse aupres de Mlle Avrezac, et comme il n'y a pas apparence que je la rencontre, je vous en charge, si vous voulez. Voila tout ce que j'avais a vous dire. Maintenant, puisqu'il ne s'agit pas de cette jeune fille, je vous demande a mon tour ce que vous me voulez, monsieur, et pourquoi je vous trouve sur
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