tallee a Paris. Sa resolution, comme toujours, avait ete prompte et definitive. Apres avoir quitte Maxime, elle avait regagne le chateau d'Armide, s'etait enfermee seule dans sa chambre et, la, avait considere les evenements comme un chef d'armee inspecte ce qui lui reste de troupes apres une defaite. Car pourquoi chercher de vaines dissimulations ? C'etait une defaite, la ruine d'esperances precieuses. Reconquerir Maxime, elle n'y songea meme pas. Si, pres d'elle, au moment de la perdre pour toujours, il avait pu hesiter une seconde, certes, maintenant, dans la solitude, il s'etait deja repris. "Il ne m'oubliera jamais, mais jamais il ne reviendra !" Jamais ! Ce mot epouvante tellement notre humanite que la rancune de Maud fut traversee de tristesse.
Maxime disparu, que faire de sa vie ? Recommencer la lutte pour le mariage ? C'etait possible. Seulement les chances de succes etaient largement entamees par l'echec present. "Vont-ils etre contents, ceux qui me guettent, Aaron, la Ucelli, et tous les petits claques qui paradaient a la maison !..." Elle eut un instant de lassitude decouragee a prevoir une nouvelle campagne pour le mariage, avec l'echec probable encore au bout de l'effort. "C'est donc impossible, maintenant, de se marier ?" Recommencer ! et comment ? Ou trouver l'argent pour continuer a depenser comme hier, ou trouver trois cents louis par mois ? Deja toute sa fortune personnelle etait mangee... La rentree a Paris, c'etait la banqueroute averee, l'assaut des fournisseurs que l'espoir du mariage riche avait fait patienter, la saisie...
"Oh ! cela... jamais !"
Alors, que faire ? Elle n'envisagea meme pas l'hypothese d'un mariage avec Suberceaux. La rancune avait trop exalte sa fierte pour laisser parler encore la voix du desir: et maintenant c'etait de lui, et non de Maxime, qu'elle souhaiter se venger. "Oui... lui faire du mal..." Elle voulait lui briser le coeur, pour le mal qu'elle avait souffert de sa trahison. Or -- elle y songea tout de suite -- la vengeance etait a sa portee, avec la solution immediate de tous les ennuis d'argent, avec l'avenir assure. "Maitresse d'Aaron..." Soit ! Dans cette lutte entre trois hommes, pour sa conquete, elle appartiendrait au plus tenace, au plus habile, a celui dont les lentes et sures machinations avaient dejoue, aneanti l'effort des deux autres. "Maitresse d'Aaron !" Elle prononca tout haut ces mots horribles, imaginant le desespoir de Julien s'il les entendait, et la joie de faire ainsi souffr
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