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Ses yeux luisaient de la plus vile convoitise.
Maud repliqua:
-- Je vous ai dit que j'acceptais le marche.
Il baissa la tete sous ce mot. Puis, avec volubilite, assourdissant sa voix:
-- Les dernieres traites ont ete reglees ce matin. Quant a l'hotel de la rue Alphonse de Neuville, j'ai signe le contrat d'achat. Vous pourrez vous y installer en rentrant.
-- Eh bien ! repliqua Maud, c'est toujours dit. Nous partirons demain soir pour Spa, ma mere et moi; vous viendrez nous rejoindre dans une huitaine. Allez-vous-en, maintenant.
Il obeit, et sortit, tout de suite redresse et arrogant, hors du regard de Maud. Il ne la vit pas, il ne l'entendit pas jeter a sa suite cette menace, poussee a ses levres par le degout et la colere:
"Va, miserable ! c'est toi qui payeras la banqueroute de ma vie. Tu la payeras cher !"
Elle se maitrisa aussitot, voyant entrer dans la chapelle Paul Le Tessier, qui la cherchait:
-- Vous voulez des nouvelles d'Etiennette ? dit-elle.
-- Oui... je ne la vois pas... je suis un peu inquiet. Elle n'est pas souffrante ?
-- Non. Elle a recu une lettre ce matin, au moment ou nous nous disposions a sortir. Elle a du aller ou on la mandait.
-- Une lettre de qui ?
-- Ne soyez pas jaloux. Je ne puis vous dire de qui, je ne le sais pas. Mais c'est une femme.
Le Tessier, rassure, lui baisa la main. Maud ne disait la verite qu'a demi. Etiennette avait bien recu ce matin une lettre pressante d'appel: mais cette lettre etait de Suzanne, qui se trouvait a Paris sans que sa soeur s'en doutat.
Peu a peu, la sacristie s'etait videe; Mme de Rouvre, Jacqueline et Lestrange rejoignirent Maud.
-- Ouf ! fit la mariee... Quelle corvee... S'il en fallait tant pour tromper son mari, il n'y aurait guere de femmes infideles.
Hector Le Tessier s'approcha discretement de Maud:
-- _Il_ veut vous parler, lui dit-il a l'oreille.
Elle devint pale, d'une paleur de colere, point de peur:
-- Qui, _il_ ? Julien ?
-- Julien... Il vous suivra jusque chez vous, si vous ne lui accordez pas un instant d'entretien. Je me permets de vous conseiller de lui parler ici... il n'y a pour ainsi dire plus personne... Tandis qu'au lunch... Il vous attend a l'entree du corridor.
-- Bien, j'y vais.
Elle le rencontra au seuil du corridor demi-obscur.
-- Maud... je veux vous revoir... je le veux, il le faut. Voyez... j'ai tant souffert ! Je vous aime tant.
Il avait la voix brisee, et ses dents claquaient de misere.
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