ncle; le chien la suit,
traverse de nouveau la Loire a la nage, tandis qu'elle la passe dans le
bateau de Saint-Cyr, et l'accompagne a la manufacture, ou il fait mille
nouveaux traits de devouement et de fidelite.
On prend des informations, et l'on decouvre que cet animal appartient
a un riche fermier des environs de Tours; conduit dans une auberge, il
avait voulu defendre le porte-manteau de son maitre, attache sur la
croupe de son cheval; des garcons d'ecurie, qu'il avait mordus pour
remplir son devoir de gardien fidele, l'avaient garrotte, et, apres lui
avoir attache une enorme pierre au cou, etaient alles le jeter a la
riviere, d'ou l'avait sauve la jeune pensionnaire, qu'il ne voulait plus
quitter. En effet, c'etait en vain que le fermier venait le chercher a
la manufacture et l'emmenait attache a la queue de son cheval; des que
la pauvre bete etait libre, elle revenait, soit au pont de la Mothe,
soit a la pension d'Agathine, aupres de laquelle il trouvait toujours
les moyens de penetrer. Il finit enfin par etablir entre elle et son
oncle une correspondance aussi touchante que remarquable. Celui-ci fit
une maladie qui sans mettre ses jours en danger, le retint longtemps au
lit. Agathine brulait du desir d'avoir chaque jour des nouvelles de son
pere adoptif; et l'infatigable Dragon, c'est ainsi que l'appelait le
fermier qu'il allait visiter souvent, l'infatigable Dragon s'etablit
l'emissaire entre l'oncle et la niece. Au moyen d'un petit sac de cuir
qu'on avait ajoute a son collier, il allait de la manufacture a la
ville, porter les nouvelles du cher malade, qui tracait quelques mots de
sa main pour sa chere Agathine, dont il recevait, une demi-heure apres,
la reponse et les remerciements. Quelquefois, cependant, Dragon mettait
un peu de temps a remplir son message, car lorsque le bateau de
Saint-Cyr, ou maintenant le batelier le recevait gratis, etait de
l'autre cote du fleuve, le chien prenait sa course le long du rivage,
gagnait le pont de Tours, l'un des plus beaux de l'Europe, et en vingt
minutes il etait a la pension, ou toujours il recevait un gros morceau
de pain et lechait la main genereuse qui le lui presentait.
Mais, quand revinrent les beaux jours, Dragon redoubla de zele et
d'activite. Devenu cher a l'oncle d'Agathine, il portait chaque matin
a cette derniere, dans un petit panier couvert, dont l'anse garnie de
linge ne pouvait lui blesser la gueule, les fleurs les plus fraiches,
les fruits les plus
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