ma pauv'
mere; elle est si infirme!--Eh bien! dit Richard, vous l'amenerez a la
ferme, et j' la soign'rons. Est-ce que vous r'fuseriez Charles, si
par malheur j'etais paralytique? Est-ce qu'une fois sa femme, vous
l'empecheriez d' soigner mes vieux jours?--Oh! ben l' contraire; vous
n' trouveriez en moi qu'une fille d' plus, mait' Richard.--Allons, dit'
donc: Mon pere ... et qu'on m'embrasse...."
A ces mots, l'heureuse Marguerite se jette dans les bras du fermier, qui
s'empresse d'unir sa main a celle de son fils. Les garcons de ferme et
tous les ouvriers felicitent Charles de choisir Marguerite, la bonne
Marguerite, que les filles de Richard nomment deja leur soeur. De tous
cotes, ce sont des cris d'allegresse, des baisers donnes et rendus; tous
les yeux sont noyes de larmes, ceux meme de Leontine. Le baron la presse
sur son coeur, et lui dit, en designant tous ces braves gens qui les
entouraient et leur exprimaient a l'envi leur reconnaissance: "Voila
pourtant, ma fille ... voila le produit d'une gerbe!..."
UNE MERE.
Qui nous a fait naitre? Une mere.... Qui bien souvent court risque de
perdre l'existence en nous la donnant? Une mere.... Qui est-ce qui
veille sans cesse a nos premiers besoins, soutient nos pas chancelants,
supporte tous les caprices, adoucit tous les maux de notre enfance? Une
mere.... Qui nous preserve des dangers de l'inexperience, nous donne
les premieres impressions du bien, dirige nos penchants, forme notre
caractere et prepare notre avenir? Une mere, toujours une mere.
Si nous consultons l'histoire, c'est une mere qui ramene Coriolan au
devoir sacre qu'impose la patrie; c'est une mere qui eclaire la justice
de Salomon; c'est une mere qui sauve Moise de la barbarie d'un roi
d'Egypte; c'est une mere qui, pour conserver les jours d'Astyanax, se
devoue a un hymen precurseur de la mort; c'est une mere qui preserve
Iphigenie de la perfidie de Calchas et de l'orgueil d'Agamemnon.
Comment, d'apres toutes ces verites, ces exemples et ces faits
historiques, ne pas repondre a la tendresse de celle qui nous a donne
le jour, par toutes les affections de notre ame et l'elan de notre
pensee?... Oh! qu'elle est coupable, qu'elle est a plaindre surtout la
jeune fille qui neglige de rendre a sa mere cette affection profonde,
cette prevenance de tous les instants, ce retour toujours insuffisant
de l'amour maternel! C'est en vain qu'on est doue des qualites les plus
aimables, des dispositions les
|