Danubienne malgre la diversite de leurs
nationalites, ne vous attendez pas a un discours classiquement ordonne,
avec preambule, developpement et conclusion. Non, nous ne sommes pas ici
pour nous griser de harangues officielles, et je viens seulement causer
de nos petites affaires, en bons camarades, je dirai meme en freres,
si cette qualification vous parait justifiee pour une assemblee
internationale.
Ces deux phrases, un peu longues comme toutes celles qui se debitent
generalement au commencement d'un discours, meme quand l'orateur se
defend de discourir, furent accueillies par d'unanimes applaudissements,
auxquels se joignirent de nombreux _tres bien! tres bien!_ melanges de
_hoch!_, voire de hoquets. Puis, au President levant son verre, tous les
verres pleins firent raison.
M. Miclesco continua son discours en mettant le pecheur a la ligne au
premier rang de l'humanite. Il fit valoir toutes les qualites, toutes
les vertus dont l'a pourvu la genereuse nature. Il dit ce qu'il lui faut
de patience, d'ingeniosite, de sang-froid, d'intelligence superieure,
pour reussir dans cet art, car, plutot qu'un metier, c'est un art, qu'il
placa bien au-dessus des prouesses cynegetiques dont se vantent a tort
les chasseurs.
--Pourrait-on comparer, s'ecria-t-il, la chasse a la peche?
--Non! ... non!..., fut-il repondu par toute l'assistance.
--Quel merite y a-t-il a tuer un perdreau ou un lievre, lorsqu'on le
voit a bonne portee, et qu'un chien--est-ce que nous avons des chiens,
nous?--l'a depiste a votre profit?... Ce gibier, vous l'apercevez de
loin, vous le visez a loisir et vous l'accablez d'innombrables grains
de plomb, dont la plupart sont tires en pure perte!... Le poisson, au
contraire, vous ne pouvez le suivre du regard.... Il est cache sous les
eaux.... Ce qu'il faut de manoeuvres adroites, de delicates invites, de
depense intellectuelle et d'adresse, pour le decider a mordre a votre
hamecon, pour le ferrer, pour le sortir de l'eau, tantot pame a
l'extremite de la ligne, tantot fretillant et, pour ainsi dire,
applaudissant lui-meme a la victoire du pecheur!
Cette fois, ce fut un tonnerre de bravos. Assurement, le President
Miclesco repondait aux sentiments de la Ligue Danubienne. Comprenant
qu'il ne pourrait jamais aller trop loin dans l'eloge de ses confreres,
il n'hesita pas, sans craindre d'etre taxe d'exageration, a placer leur
noble exercice au-dessus de tous les autres, a elever jusqu'aux nues les
fervent
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