cataclysmes, dont l'echeance est, a tout le moins,
fort lointaine, les diverses races qui, au cours des ages, se sont
superposees entre la Mediterranee et les Karpathes ont fini par se
tasser vaille que vaille, et la paix--oh! cette paix relative des
nations dites civilisees--n'a cesse d'etendre son empire vers l'Est.
Les troubles, les pillages, les meurtres a l'etat endemique paraissent
desormais limites a la partie de la peninsule des Balkans encore
gouvernee par les Osmanlis.
Entres pour la premiere fois en Europe en 1356, maitres de
Constantinople en 1453, les Turcs se heurterent aux precedents
envahisseurs, qui, venus avant eux de l'Asie centrale et depuis
longtemps convertis au christianisme, commencaient des lors a
s'amalgamer aux populations indigenes et a s'organiser en nations
regulieres et stables. Perpetuel recommencement de l'eternelle bataille
pour la vie, ces nations naissantes defendirent avec acharnement ce
qu'elles-memes avaient pris a d'autres. Slaves, Magyars, Grecs, Croates,
Teutons opposerent a l'invasion turque une vivante barriere, qui,
si elle flechit par endroits, ne put etre nulle part completement
renversee.
Contenus en deca des Karpathes et du Danube, les Osmanlis furent meme
incapables de se maintenir dans ces limites extremes, et ce qu'on
appelle la _Question d'Orient_ n'est que l'histoire de leur retraite
seculaire.
A la difference des envahisseurs qui les avaient precedes et qu'ils
pretendaient deloger a leur profit, ces musulmans asiatiques n'ont
jamais reussi a s'assimiler les peuples qu'ils soumettaient a leur
pouvoir. Etablis par la conquete, ils sont restes des conquerants
commandant en maitres a des esclaves. Aggravee par la difference des
religions, une telle methode de gouvernement ne pouvait avoir d'autre
consequence que la revolte permanente des vaincus.
L'histoire est pleine, en effet, de ces revoltes, qui, apres des siecles
de luttes, avaient abouti, en 1875, a l'independance plus ou moins
complete de la Grece, du Montenegro, de la Roumanie et de la Serbie.
Quant aux autres populations chretiennes, elles continuaient a subir la
domination des sectateurs de Mahomet.
Cette domination, dans les premiers mois de 1875, se fit plus lourde et
plus vexatoire encore que de coutume. Sous l'influence d'une reaction
musulmane qui triomphait alors au palais du Sultan, les chretiens de
l'Empire ottoman furent surcharges d'impots, malmenes, tues, tortures de
mille manieres. La r
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