ligne d'ecriture en langue bulgare tracee au bas de la
photographie. " A mon cher mari, Natcha Ladko ", tels etaient les mots
que pouvait lire Karl Dragoch eperdu.
Ainsi, ses soupcons etaient justifies, et logiques ses deductions basees
sur les singularites observees. Ladko! C'etait bien avec Ladko, qu'il
descendait le Danube depuis tant de jours. C'etait bien ce dangereux
malfaiteur, vainement pourchasse jusqu'alors, qui se cachait sous
l'inoffensive personnalite du laureat de la Ligue Danubienne.
Quelle allait etre la conduite de Karl Dragoch apres une pareille
constatation? Il n'avait pas encore pris de decision, quand un bruit de
pas sur la berge lui fit rejeter vivement le portefeuille au fond du
coffre dont il rabattit le couvercle. Le nouvel arrivant ne pouvait etre
Ilia Brusch parti depuis dix minutes a peine.
" Monsieur Dragoch! appela une voix au dehors.
--Friedrick Ulhmann! murmura Karl Dragoch qui parvint peniblement a se
mettre debout et sortit en chancelant de la cabine.
--Excusez-moi de vous avoir appele, dit Friedrick Ulhmann des qu'il
apercut son chef. J'ai vu votre compagnon s'eloigner tout a l'heure et
je vous savais seul.
--Qu'y a-t-il? demanda Karl Dragoch.
--Du nouveau, Monsieur. Un crime a ete commis cette nuit.
--Cette nuit! s'ecria Karl Dragoch en pensant aussitot a l'absence
d'Ilia Brusch au cours de la nuit precedente.
--Une villa a ete pillee a proximite d'ici. Le gardien a ete frappe.
--Mort?
--Non, mais grievement blesse.
--C'est bon, dit Karl Dragoch en imposant de la main silence a son
subordonne.
Il reflechissait profondement. Que convenait-il de faire? Agir certes,
et pour cela la force ne lui manquerait pas. La nouvelle qu'il venait
d'apprendre etait le meilleur des remedes. Il ne lui restait plus de
traces de l'accident dont il venait d'etre victime. Il n'avait plus
besoin maintenant de chercher un appui sur la cloison de la cabine. Sous
le coup de fouet des nerfs, le sang revenait a flots a son visage.
Oui, il fallait agir, mais comment? Devait-il attendre le retour d'Ilia
Brusch, ou plutot de Ladko, puisque tel etait le veritable nom de son
compagnon de route, et lui mettre a l'improviste la main sur l'epaule
au nom de la loi? Cela paraissait le plus sage, puisque desormais il ne
pouvait subsister aucun doute sur la culpabilite du soi-disant pecheur.
Le soin avec lequel il dissimulait sa veritable personnalite, le mystere
dont il s'entourait, ce nom qu
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