je
compte. Tous les journaux, comme tu as du le voir, m'ont attribue un
raisonnement analogue. Ils ont publie avec un parfait ensemble que je
quittais le Danube superieur, ou, selon moi, les malfaiteurs ne
se risqueraient pas a revenir, et que je partais pour la Hongrie
meridionale. Inutile de te dire qu'il n'y a pas un mot de vrai
la-dedans, mais tu peux etre sur que ces communications tendancieuses
n'ont pas manque de toucher les interesses.
--Vous en concluez?
--Qu'ils n'iront pas du cote de la Hongrie meridionale se jeter dans la
gueule du loup.
--Le Danube est long, objecta Ulhmann. Il y a la Serbie, la Roumanie, la
Turquie...
--Et la guerre?.. Rien a faire par la pour eux. Nous verrons bien, au
surplus.
Karl Dragoch garda un instant le silence.
--A-t-on ponctuellement suivi mes instructions? reprit-il.
--Ponctuellement.
--La surveillance du fleuve a ete continuee?
--Jour et nuit.
--Et l'on n'a rien decouvert de suspect?
--Absolument rien. Toutes les barges, tous les chalands ont leurs
papiers en regle. A ce propos, je dois vous dire que ces operations de
controle soulevent beaucoup de murmures. La batellerie proteste, et, si
vous voulez mon opinion, je trouve qu'elle n'a pas tort. Les bateaux
n'ont rien avoir dans ce que nous cherchons. Ce n'est pas sur l'eau que
des crimes sont commis.
Karl Dragoch fronca les sourcils.
--J'attache une grande importance a la visite des barges, des chalands
et meme des plus petites embarcations, repliqua-t-il d'un ton sec.
J'ajouterai, une fois pour toutes, que je n'aime pas les observations.
Ulhmann fit le gros dos.
--C'est bon, Monsieur, dit-il.
Karl Dragoch reprit:
--Je ne sais encore ce que je ferai... Peut-etre m'arreterai-je a
Vienne. Peut-etre pousserai-je jusqu'a Belgrade... Je ne suis pas
fixe... Comme il importe de ne pas perdre de contact, tiens-moi au
courant par un mot adresse en autant d'exemplaires qu'il sera necessaire
a ceux de nos hommes echelonnes entre Ratisbonne et Vienne.
--Bien, Monsieur, repondit Ulhmann. Et moi?.. Ou vous reverrai-je?
--A Vienne, dans huit jours, je te l'ai dit, repondit Dragoch.
Il reflechit quelques instants.
--Tu peux te retirer, ajouta-t-il. Ne manque pas de passer au Parquet et
prends ensuite le premier train.
Ulhmann s'eloignait deja. Karl Dragoch le rappela.
--Tu as entendu parler d'un certain Ilia Brusch? interrogea-t-il.
--Ce pecheur qui s'est engage a descendre le Danube la
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