avait qu'a s'incliner. Tel n'etait pas l'avis, sans doute, du
passionne amateur de peche, qui ne parut aucunement impressionne par la
nettete du refus.
--Me permettrez-vous, monsieur Brusch, de vous demander pourquoi?
Interrogea-t-il placidement.
--Je n'ai pas de raisons a donner. Je, refuse, voila tout. C'est mon
droit, je pense, repondit Ilia Brusch avec un commencement d'impatience.
--C'est votre droit, assurement, reconnut sans s'emouvoir son
interlocuteur. Mais je n'excede pas le mien en vous priant de bien
vouloir me faire connaitre les motifs de votre decision. Ma proposition
n'etait nullement desobligeante, au contraire, et il est naturel que je
sois traite avec courtoisie.
Ces mots avaient ete debites d'une maniere qui n'avait rien de
comminatoire, mais le ton etait si ferme, si plein d'autorite meme,
qu'Ilia Brusch en fut frappe. S'il tenait a sa solitude, il tenait
encore plus sans doute a eviter une discussion intempestive, car il fit
droit aussitot a une observation en somme parfaitement justifiee.
--Vous avez raison, Monsieur, dit-il. Je vous dirai donc tout d'abord
que j'aurais scrupule a vous laisser faire une operation certainement
desastreuse.
--C'est mon affaire.
--C'est aussi la mienne, car mon intention n'est pas de pecher au dela
d'une heure par jour.
--Et le reste du temps?
--Je godille pour activer la marche de mon bateau.
--Vous etes donc presse?
Ilia Brusch se mordit les levres.
--Presse ou non, repondit-il plus sechement, c'est ainsi. Vous devez
comprendre que, dans ces conditions, accepter vos cinq cents florins
serait un veritable vol.
--Pas maintenant que je suis prevenu, objecta l'acquereur sans se
departir de son calme imperturbable.
--Tout de meme, repliqua Ilia Brusch, a moins que je ne m'astreigne a
pecher tous les jours, ne fut-ce qu'une heure. Or, je ne m'imposerai
jamais une telle obligation. J'entends agir a ma fantaisie. Je veux etre
libre.
--Vous le serez, declara l'inconnu. Vous pecherez quand il vous plaira,
et seulement quand il vous plaira. Cela augmentera meme les charmes du
jeu. D'ailleurs, je vous sais assez habile pour que deux ou trois coups
heureux suffisent a m'assurer un benefice, et je considere toujours
l'affaire comme excellente. Je persiste donc a vous offrir cinq cents
florins a forfait, soit mille florins, passage compris.
--Et je persiste a les refuser.
--Alors, je repeterai ma question: Pourquoi?
Une telle insistance
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