re a aucune affection de famille, a aucune gloire, a aucun
royaume; moi qui, cependant, porte un coeur aussi noble que mes
aines; eh bien! de Mouy! moi, je veux chercher a me tailler avec
mon epee un royaume dans cette France qu'ils couvrent de sang.
" Or, voila ce que je veux, moi, de Mouy, ecoutez." Je veux etre
roi de Navarre, non par la naissance, mais par l'election. Et
remarquez bien que vous n'avez aucune objection a faire a cela,
car je ne suis pas usurpateur, puisque mon frere refuse vos
offres, et, s'ensevelissant dans sa torpeur, reconnait hautement
que ce royaume de Navarre n'est qu'une fiction. Avec Henri de
Bearn, vous n'avez rien; avec moi, vous avez une epee et un nom.
Francois d'Alencon, fils de France, sauvegarde tous ses compagnons
ou tous ses complices, comme il vous plaira de les appeler. Eh
bien, que dites-vous de cette offre, monsieur de Mouy?
-- Je dis qu'elle m'eblouit, Monseigneur.
-- de Mouy, de Mouy, nous aurons bien des obstacles a vaincre. Ne
vous montrez donc pas des l'abord si exigeant et si difficile
envers un fils de roi et un frere de roi qui vient a vous.
-- Monseigneur, la chose serait deja faite si j'etais seul a
soutenir mes idees; mais nous avons un conseil, et si brillante
que soit l'offre, peut-etre meme a cause de cela, les chefs du
parti n'y adhereront-ils pas sans condition.
-- Ceci est autre chose, et la reponse est d'un coeur honnete et
d'un esprit prudent. A la facon dont je viens d'agir, de Mouy,
vous avez du reconnaitre ma probite. Traitez-moi donc de votre
cote en homme qu'on estime et non en prince qu'on flatte. de Mouy,
ai-je des chances?
-- Sur ma parole, Monseigneur, et puisque Votre Altesse veut que
je lui donne mon avis, Votre Altesse les a toutes depuis que le
roi de Navarre a refuse l'offre que j'etais venu lui faire. Mais,
je vous le repete, Monseigneur, me concerter avec nos chefs est
chose indispensable.
-- Faites donc, monsieur, repondit d'Alencon. Seulement, a quand
la reponse?
de Mouy regarda le prince en silence. Puis, paraissant prendre une
resolution:
-- Monseigneur, dit-il, donnez-moi votre main; j'ai besoin que
cette main d'un fils de France touche la mienne pour etre sur que
je ne serai point trahi.
Le duc non seulement tendit la main vers de Mouy, mais il saisit
la sienne et la serra.
-- Maintenant, Monseigneur, je suis tranquille, dit le jeune
huguenot. Si nous etions trahis, je dirais que vous n'y etes pour
rien. Sans q
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