taient ebranles. Puis, quand
mon fils reviendra de la chasse, vous passerez dans mon oratoire,
ou vous attendrez l'heure.
-- Mais comment entrerons-nous dans la chambre? Le roi a sans
doute quelque soupcon, et il s'enfermera en dedans.
-- J'ai une double clef de toutes les portes, dit Catherine, et on
a enleve les verrous de celle de Henri. Adieu, monsieur de
Maurevel; a tantot. Je vais vous faire conduire dans le cabinet
des Armes du roi. Ah! a propos! rappelez-vous que ce qu'un roi
ordonne doit, avant toute chose, etre execute; qu'aucune excuse
n'est admise; qu'une defaite, meme un insucces compromettraient
l'honneur du roi. C'est grave.
Et Catherine, sans laisser a Maurevel le temps de lui repondre,
appela M. de Nancey, capitaine des gardes, et lui ordonna de
conduire Maurevel dans le cabinet des Armes du roi.
-- Mordieu! disait Maurevel en suivant son guide, je m'eleve dans
la hierarchie de l'assassinat: d'un simple gentilhomme a un
capitaine, d'un capitaine a un amiral, d'un amiral a un roi sans
couronne. Et qui sait si je n'arriverai pas un jour a un roi
couronne?...
XXXI
La chasse a courre
Le piqueur qui avait detourne le sanglier et qui avait affirme au
roi que l'animal n'avait pas quitte l'enceinte ne s'etait pas
trompe. A peine le limier fut-il mis sur la trace, qu'il s'enfonca
dans le taillis et que d'un massif d'epines il fit sortir le
sanglier qui, ainsi que le piqueur l'avait reconnu a ses voies,
etait un solitaire, c'est-a-dire une bete de la plus forte taille.
L'animal piqua droit devant lui et traversa la route a cinquante
pas du roi, suivi seulement du limier qui l'avait detourne. On
decoupla aussitot un premier relais, et une vingtaine de chiens
s'enfoncerent a sa poursuite.
La chasse etait la passion de Charles. A peine l'animal eut-il
traverse la route qu'il s'elanca derriere lui, sonnant la vue,
suivi du duc d'Alencon et de Henri, a qui un signe de Marguerite
avait indique qu'il ne devait point quitter Charles.
Tous les autres chasseurs suivirent le roi.
Les forets royales etaient loin, a l'epoque ou se passe l'histoire
que nous racontons, d'etre, comme elles le sont aujourd'hui, de
grands parcs coupes par des allees carrossables. Alors,
l'exploitation etait a peu pres nulle. Les rois n'avaient pas
encore eu l'idee de se faire commercants et de diviser leurs bois
en coupes, en taillis et en futaies. Les arbres, semes non point
par de savants forestiers, mais par la m
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