ain de Dieu, qui jetait la
graine au caprice du vent, n'etaient pas disposes en quinconces,
mais poussaient a leur loisir et comme ils font encore aujourd'hui
dans une foret vierge de l'Amerique. Bref, une foret, a cette
epoque, etait un repaire ou il y avait a foison du sanglier, du
cerf, du loup et des voleurs; et une douzaine de sentiers
seulement, partant d'un point, etoilaient celle de Bondy, qu'une
route circulaire enveloppait comme le cercle de la roue enveloppe
les jantes.
En poussant la comparaison plus loin, le moyeu ne representerait
pas mal l'unique carrefour situe au centre du bois, et ou les
chasseurs egares se ralliaient pour s'elancer de la vers le point
ou la chasse perdue reparaissait.
Au bout d'un quart d'heure, il arriva ce qui arrivait toujours en
pareil cas: c'est que des obstacles presque insurmontables s'etant
opposes a la course des chasseurs, les voix des chiens s'etaient
eteintes dans le lointain, et le roi lui-meme etait revenu au
carrefour, jurant et sacrant, comme c'etait son habitude.
-- Eh bien! d'Alencon, eh bien! Henriot, dit-il, vous voila,
mordieu, calmes et tranquilles comme des religieuses qui suivent
leur abbesse. Voyez-vous, ca ne s'appelle point chasser, cela.
Vous, d'Alencon, vous avez l'air de sortir d'une boite, et vous
etes tellement parfume que si vous passez entre la bete et mes
chiens, vous etes capable de leur faire perdre la voie. Et vous,
Henriot, ou est votre epieu, ou est votre arquebuse? voyons.
-- Sire, dit Henri, a quoi bon une arquebuse? Je sais que Votre
Majeste aime a tirer l'animal quand il tient aux chiens. Quant a
un epieu, je manie assez maladroitement cette arme, qui n'est
point d'usage dans nos montagnes, ou nous chassons l'ours avec le
simple poignard.
-- Par la mordieu, Henri, quand vous serez retourne dans vos
Pyrenees, il faudra que vous m'envoyiez une pleine charretee
d'ours, car ce doit etre une belle chasse que celle qui se fait
ainsi corps a corps avec un animal qui peut nous etouffer. Ecoutez
donc, je crois que j'entends les chiens. Non, je me trompais.
Le roi prit son cor et sonna une fanfare. Plusieurs fanfares lui
repondirent. Tout a coup un piqueur parut qui fit entendre un
autre air.
-- La vue! la vue! cria le roi. Et il s'elanca au galop, suivi de
tous les chasseurs qui s'etaient rallies a lui. Le piqueur ne
s'etait pas trompe. A mesure que le roi s'avancait, on commencait
d'entendre les aboiements de la meute, composee alo
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