nsmets. D'ailleurs attends, je vais te donner la lettre de
M. de Nevers. Tiens, la voila. Eh! non, non; ce sont des vers
d'Annibal, des vers atroces, ma pauvre Marguerite. Il n'en fait
pas d'autres. Tiens, cette fois, la voici. Non, pas encore ceci:
c'est un billet de moi que j'ai apporte pour que tu le lui fasses
passer par La Mole. Ah! enfin, cette fois, c'est la lettre en
question.
Et madame de Nevers remit la lettre a la reine. Marguerite
l'ouvrit vivement et la parcourut; mais effectivement elle ne
disait rien autre chose que ce qu'elle avait deja appris de la
bouche de son amie.
-- Et comment as-tu recu cette lettre? continua la reine.
-- Par un courrier de mon mari qui avait ordre de toucher a
l'hotel de Guise avant d'aller au Louvre et de me remettre cette
lettre avant celle du roi. Je savais l'importance que ma reine
attachait a cette nouvelle, et j'avais ecrit a M. de Nevers d'en
agir ainsi. Tu vois, il a obei, lui. Ce n'est pas comme ce monstre
de Coconnas. Maintenant il n'y a donc dans tout Paris que le roi,
toi et moi qui sachions cette nouvelle; a moins que l'homme qui
suivait notre courrier...
-- Quel homme?
-- Oh! l'horrible metier! Imagine-toi que ce malheureux messager
est arrive las, defait, poudreux; il a couru sept jours, jour et
nuit, sans s'arreter un instant.
-- Mais cet homme dont tu parlais tout a l'heure?
-- Attends donc. Constamment suivi par un homme de mine farouche
qui avait des relais comme lui et courait aussi vite que lui
pendant ces quatre cents lieues, ce pauvre courrier a toujours
attendu quelque balle de pistolet dans les reins. Tous deux sont
arrives a la barriere Saint-Marcel en meme temps, tous deux ont
descendu la rue Mouffetard au grand galop, tous deux ont traverse
la Cite. Mais, au bout du pont Notre-Dame, notre courrier a pris a
droite, tandis que l'autre tournait a gauche par la place du
Chatelet, et filait par les quais du cote du Louvre comme un trait
d'arbalete.
-- Merci, ma bonne Henriette, merci, s'ecria Marguerite. Tu avais
raison, et voici de bien interessantes nouvelles. Pour qui cet
autre courrier? Je le saurai. Mais laisse-moi. A ce soir, rue
Tizon, n'est-ce pas? et a demain la chasse; et surtout prends un
cheval bien mechant pour qu'il s'emporte et que nous soyons
seules. Je te dirai ce soir ce qu'il faut que tu taches de savoir
de ton Coconnas.
-- Tu n'oublieras donc pas ma lettre? dit la duchesse de Nevers en
riant.
-- Non, non, sois
|