e donner cent coups de baton.
Le courrier: "Veuillez m'excuser, Maria Petrovna: j'ai couru en avant
d'apres votre ordre! Vous m'aviez commande de courir sans m'arreter,
aussi vite que mon cheval pouvait me porter."
Madame Papofski: "Tais-toi, insolent, imbecile! Tu vas voir ce que mon
oncle va faire. Il te fera mettre en pieces!...
Le general, riant: "Pas du tout; mais pas du tout, ma niece: je ne ferai
ni ne dirai rien, car je vois ce qui en est. Non, je me trompe. Je dis
et j'ordonne qu'on emmene le courrier dans la cuisine, qu'on lui donne
un bon diner, du kvas [2] et de la biere."
[Note 2: Boisson russe qui a quelque ressemblance avec le cidre.]
Madame Papofski, embarrassee: "Comment, vous etes la, mon oncle! Je ne
vous voyais pas... Je suis si contente, si heureuse de vous voir, que
j'ai perdu la tete; je ne sais ce que je dis, ce que je fais! J'etais si
contrariee d'etre en retard! J'avais tant envie de vous embrasser! Et
Mme Papofski se jeta dans les bras de son oncle, qui recut le choc
assez froidement et qui lui rendit a peine les nombreux baisers qu'elle
deposait sur son front, ses joues, ses oreilles, son cou, ce qui lui
tombait sous les levres.
Madame Papofski: "Approchez, enfants, venez baiser les mains de votre
oncle, de votre bon oncle, qui est si bon, si courageux, si aime de vous
tous!"
Et, saisissant ses enfants un a un, elle les poussa vers le general,
qu'ils abordaient avec terreur; le dernier petit, qu'on venait
d'eveiller et de sortir de la berline, se mit a crier, a se debattre.
"Je ne veux pas, s'ecriait-il. Il me battra, il me fouettera; je ne veux
pas l'embrasser!"
La mere prit l'enfant, lui pinca le bras et lui dit a l'oreille:
"Si tu n'embrasses pas ton oncle, je te fouette jusqu'au sang!"
Le pauvre petit Yvane retint ses sanglots et tendit au general sa joue
baignee de larmes. Son grand-oncle le prit dans ses bras, l'embrassa et
lui dit en souriant:
"Non, enfant, je ne te battrai pas, je ne te fouetterai pas; qui est-ce
qui t'a dit ca?"
Yvane: "C'est maman et Sonushka. Vrai, vous ne me fouetterez pas?"
Le general: "Non, mon ami; au contraire, je te gaterai."
Yvane: "Alors vous empecherez maman de me fouetter?"
Le general: "Je crois bien, sois tranquille!"
Le general posa Ivane a terre, se secoua pour se debarrasser des autres
enfants qui tenaient ses bras, ses jambes, qui sautaient apres lui pour
l'embrasser, et offrant le bras a sa niece:
"Venez, Mari
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