lonaise en
sortit. A l'avant-garde marchaient les hussards[33], bien alignes,
puis les cuirassiers avec des lances, tous portant des casques en
cuivre. Derriere eux chevauchaient les plus riches gentilshommes,
habilles chacun selon son caprice. Ils ne voulaient pas se meler a
la foule des soldats, et celui d'entre eux qui n'avait pas de
commandement s'avancait seul a la tete de ses gens. Puis venaient
d'autres rangs, puis l'officier fluet, puis d'autres rangs encore,
puis le gros colonel, et le dernier qui quitta la ville fut le
colonel sec et maigre.
-- Empechez-les, empechez-les d'aligner leurs rangs, criait le
_kochevoi_. Que tous les _koureni_ attaquent a la fois. Abandonnez
les autres portes. Que le _kouren_ de Titareff attaque par son
cote et le _kouren_ de Diadkoff par le sien. Koukoubenko et
Palivoda, tombez sur eux par derriere. Divisez-les, confondez-les.
Et les Cosaques attaquerent de tous les cotes. Ils rompirent les
rangs polonais, les melerent et se melerent avec eux, sans leur
donner le temps de tirer un coup de mousquet. On ne faisait usage
que des sabres et des lances. Dans cette melee generale, chacun
eut l'occasion de se montrer. Demid Popovitch tua trois fantassins
et culbuta deux gentilshommes a bas de leurs chevaux, en disant:
-- Voila de bons chevaux; il y a longtemps que j'en desirais de
pareils.
Et il les chassa devant lui dans la plaine, criant aux autres
Cosaques de les attraper; puis il retourna dans la melee, attaqua
les seigneurs qu'il avait demontes, tua l'un d'eux, jeta son
_arank_[34] au cou de l'autre, et le traina a travers la campagne,
apres lui avoir pris son sabre a la riche poignee et sa bourse
pleine de ducats. Kobita, bon Cosaque encore jeune, en vint aux
mains avec un des plus braves de l'armee polonaise, et ils
combattirent longtemps corps a corps. Le Cosaque finit par
triompher; il frappa le Polonais dans la poitrine avec un couteau
turc; mais ce fut en vain pour son salut; une balle encore chaude
l'atteignit a la tempe. Le plus noble des seigneurs polonais
l'avait ainsi tue, le plus beau des chevaliers et d'ancienne
extraction princiere; celui-ci se portait partout, sur son
vigoureux cheval bai clair, et s'etait deja signale par maintes
prouesses. Il avait sabre deux Zaporogues, renverse un bon
Cosaque, Fedor Korj, et l'avait perce de sa lance apres avoir
abattu son cheval d'un coup de pistolet. Il venait encore de tuer
Kobita.
-- C'est avec celui-la que je voud
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