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dormaient ensemble. En face d'eux se trouvait une petite porte, devant laquelle deux sentinelles jouaient a un jeu qui consistait a se frapper l'un l'autre sur les mains avec les doigts. Ils firent peu d'attention aux arrivants et ne tournerent la tete que lorsque Yankel leur eut dit: -- C'est nous, entendez-vous bien, mes seigneurs? c'est nous. -- Allez, dit l'un d'eux, ouvrant la porte d'une main et tendant l'autre a son compagnon, pour recevoir les coups obliges. Ils entrerent dans un corridor etroit et sombre, qui les mena dans une autre salle pareille avec de petites fenetres en haut. "Qui vive!" crierent quelques voix, et Tarass vit un certain nombre de soldats armes de pied en cap. -- Il nous est ordonne de ne laisser entrer personne. -- C'est nous! criait Yankel; Dieu le voit, c'est nous, mes seigneurs! Mais personne ne voulait l'ecouter. Par bonheur, en ce moment s'approcha un gros homme, qui paraissait etre le chef, car il criait plus tort que les autres. -- Mon seigneur, c'est nous; vous nous connaissez deja, et le seigneur comte vous temoignera encore sa reconnaissance... -- Laissez-les passer; que mille diables vous serrent la gorge! mais ne laissez plus passer qui que ce soit! Et qu'aucun de vous ne detache son sabre, et ne se couche par terre... Nos voyageurs n'entendirent pas la suite de cet ordre eloquent. -- C'est nous, c'est moi, c'est nous-memes! disait Yankel a chaque rencontre. -- Peut-on maintenant? demanda-t-il a l'une des sentinelles, lorsqu'ils furent enfin parvenus a l'endroit ou finissait le corridor. -- On peut: seulement je ne sais pas si on vous laissera entrer dans sa prison meme. Yan n'y est plus maintenant; on a mis un autre a sa place, repondit la sentinelle. -- Aie, aie, dit le juif a voix basse. Voila qui est mauvais, mon cher seigneur. -- Marche, dit Tarass avec entetement. Le juif obeit. A la porte pointue du souterrain, se tenait un heiduque orne d'une moustache a triple etage. L'etage superieur montait aux yeux, le second allait droit en avant, et le troisieme descendait sur la bouche, ce qui lui donnait une singuliere ressemblance avec un matou. Le juif se courba jusqu'a terre, et s'approcha de lui presque plie en deux. -- Votre seigneurie! mon illustre seigneur! -- Juif, a qui dis-tu cela? -- A vous, mon illustre seigneur. -- Hum!... Je ne suis pourtant qu'un simple heiduque! dit le porteur de moustaches a trois etages, et s
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