che; mais il y a une grande sagesse a dire un mot
qui, sans se moquer du malheur de l'homme, le ranime, lui rende du
courage, comme les eperons rendent du courage a un cheval que
l'abreuvoir a rafraichi. Je voulais moi-meme vous dire ensuite une
parole consolante; mais Koukoubenko m'a prevenu.
-- Le _kochevoi_ a bien parle! s'ecria-t-on dans les rangs des
Zaporogues.
-- C'est une bonne parole, disaient les autres.
Et meme les plus vieux, qui se tenaient la comme des pigeons gris,
firent avec leurs moustaches une grimace de satisfaction, et
dirent:
-- Oui, c'est une parole bien dite.
-- Maintenant, ecoutez-moi, seigneurs, continua le _kochevoi_.
Prendre une forteresse, en escalader les murs, ou bien y percer
des trous a la maniere des rats, comme font les maitres allemands
(qu'ils voient le diable en songe!), c'est indecent et nullement
l'affaire des Cosaques. Je ne crois pas que l'ennemi soit entre
dans la ville avec de grandes provisions. Il ne menait pus avec
lui beaucoup de chariots. Les habitants de la ville sont affames,
ce qui veut dire qu'ils mangeront tout d'une fois; et quant au
foin pour les chevaux, ma foi, je ne sais guere ou ils en
trouveront, a moins que quelqu'un de leurs saints ne leur en jette
du haut du ciel... Mais ceci, il n'y a que Dieu qui le sache, car
leurs pretres ne sont forts qu'en paroles. Pour cette raison ou
pour une autre, ils finiront par sortir de la ville. Qu'on se
divise donc en trois corps, et qu'on les place devant les trois
portes cinq _koureni_ devant la principale, et trois _koureni_
devant chacune des deux autres. Que le _kouren_ de Diadniv et
celui de Korsoun se mettent en embuscade: le _polkovnik_ Tarass
Boulba, avec tout son _polk_, aussi en embuscade. Les _koureni_ de
Titareff et de Tounnocheff, en reserve du cote droit; ceux de
Tcherbinoff et de Steblikiv, du cote gauche. Et vous, sortez des
rangs, jeunes gens qui vous sentez les dents aigues pour insulter,
pour exciter l'ennemi. Le Polonais n'a pas de cervelle; il ne sait
pas supporter les injures, et peut-etre qu'aujourd'hui meme ils
passeront les portes. Que chaque _ataman_ fasse la revue de son
_kouren_, et, s'il ne le trouve pas au complet, qu'il prenne du
monde dans les debris de celui de Periaslav. Visitez bien toutes
choses; qu'on donne a chaque Cosaque un verre de vin pour le
degriser, et un pain. Mais je crois qu'ils sont assez rassasies de
ce qu'ils ont mange hier, car, en verite, ils ont tellement ba
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