ions par plusieurs violences exercees sur les terres de Henri
d'Avaugour, a cause de l'attachement que ce seigneur avait fait paraitre
pour la France. Le comte, toujours en liaison avec le roi d'Angleterre,
avait obtenu de lui deux mille hommes qu'il avait mis dans les places
les plus exposees de sa frontiere. Le roi, instruit de ses intrigues,
resolut de le pousser plus vivement qu'il n'avait encore fait. Le comte
de Dreux et le comte de Boulogne etaient morts pendant la treve. Le
comte de Bretagne avait perdu, dans le premier, qui etait son frere, un
mediateur dont le credit eut ete pour lui une ressource en cas que ses
affaires tournassent mal; et dans le second, un homme toujours assez
dispose a seconder ses mauvais desseins. Le roi, ayant assemble ses
troupes, s'avanca sur les frontieres de Bretagne avec une nombreuse
armee. On y porta le ravage partout; de sorte que le comte, se voyant
sur le point d'etre accable, envoya au roi pour le prier d'epargner ses
sujets, et d'ecouter quelques propositions qu'il esperait lui faire
agreer. Le comte lui representa que les engagemens qu'il avait avec
le roi d'Angleterre, tout criminels qu'ils etaient, ne pouvaient etre
rompus tout d'un coup: il le supplia de vouloir bien lui donner le temps
de se degager avec honneur, et de lui accorder une treve jusqu'a la
Toussaint, pendant laquelle il demanderait au roi d'Angleterre une chose
qu'assurement ce prince n'etait pas en etat de lui accorder; savoir:
qu'avant le mois de novembre il vint a son secours en personne, avec une
armee capable de resister a celle des Francais, et promit que, sur son
refus, il renoncerait a sa protection et a l'hommage qu'il lui avait
fait, et remettrait entre les mains du roi toute la Bretagne. Le roi,
qui savait qu'en effet le roi d'Angleterre ne pourrait jamais en si peu
de temps faire un armement de terre et de mer suffisant pour une telle
expedition, accorda au comte ce qu'il lui demandait; mais a condition
qu'il lui livrerait trois de ses meilleures places, et qu'il retablirait
dans leurs biens les seigneurs bretons, partisans de la France. Le comte
de Bretagne accepta ces conditions. Peu de temps apres il passa en
Angleterre, ou il exposa a Henri l'etat ou il etait reduit, le pria de
venir en Bretagne avec une armee, lui demanda l'argent necessaire pour
soutenir la guerre contre un ennemi aussi puissant que celui qu'il avait
sur les bras, et lui dit que, faute de cela, il serait oblige de faire
sa p
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