ble, ce ne
sera pas un cas isole et ce sera pour la plus grande France. Souhaitons
que cela finisse bientot.
Gardez-moi tous les documents que vous pourrez trouver sur la guerre
pour que je voie un peu comment cela a marche. Jusqu'a present, nous
n'avons pas eu trop faim.
Envoyez-moi de l'argent, s'il ne vous est pas plus utile. J'ai repris
froid dans ces tranchees par les nuits fraiches et je me complimente
d'avoir emporte ma ceinture bleue.
Ne soyez pas trop en peine, ne voyez pas qu'un cas particulier. Il faut
avoir du courage pour vaincre et vous ce pourrez faire que nous pleurer.
Je vous embrasse.
GEORGES.
_Lettre ecrite par le Caporal Armand BAYLE, 109e Regiment d'Infanterie,
tombe au champ d'honneur le 24 Septembre 1915._
BIEN CHERS TOUS,
C'est quelques heures avant le "Grand Coup" que je trace ces quelques
lignes, renfermant tout mon espoir et tout mon coeur! Un vague
pressentiment me dit que, en meme temps que beaucoup de mes camarades,
je suis appele a y rester, sur ce terrible plateau de Lorette, ou je
combats depuis le mois de mars! C'est ma destinee qui l'aura voulu.
Aussi ma derniere pensee est-elle pour vous, qui avez toujours ete si
devoues pour moi, vous qui avez pris tant de peine, qui vous etes tant
prives pour me donner l'education que j'ai en ce moment. Aucun geste,
aucune parole ne pourront vous remercier assez de tous les bienfaits
dont vous m'avez comble: une reconnaissance eternelle, voila
malheureusement tous les remerciements que je puis vous adresser; car au
moment ou vous recevrez cette lettre, je ne serai plus de ce monde.
Grande sera votre douleur, mais vous aurez une consolation. Votre fils
sera mort en brave; il sera digne de vous, vous pourrez parler de lui,
car il aura merite de la patrie. Quelle plus douce consolation, en des
temps si cruels ou la vie d'un homme ne tient a rien.
Adieu, bien chers tous; que mon sacrifice soit pour vous un
porte-bonheur. Ayez confiance comme je l'ai en ce moment, et que cette
horde de sauvages soit bientot acculee a la defaite.
Tous mes souhaits, tout mon coeur sont enfermes dans cette lettre, a
laquelle je joins mes plus ardents baisers.
Votre malheureux fils,
ARMAND.
_Lettre ecrite par Georges BELAUD, 369e Regiment d'Infanterie, tombe au
champ d'honneur._
MA CHERE YVONNE,
Ne te fais pas de mauvais sang. J'ai bon espoir de te revoir, ainsi que
mon cher Raymond. Je te recommande de te soigner, ainsi que
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