penible et noir.
La solitude est apre et grave et monotone....
Je reve doucement, et puis, soudain, m'etonne
De l'image qui nait et qui rit dans le soir....
Je regarde et lui ris a mon tour.... C'est toi-meme,
C'est toi dans le petit chez nous.... Sous l'humble toit
Je te revois, gaiment reelle.... C'est bien toi,
Ma mere, une bien vieille amie a moi que j'aime.
Je t'evoque la-bas sous la lampe.... Il est tard....
J'evoque ton image, et joyeux m'en penetre.
Tu travailles ... tu lis ... tu couds.... Ton cher regard
S'absorbe en tout ... medite et s'attache.... Peut-etre
Cherches-tu dans ton coeur encore une bonte?
Deja, vois-tu, je ne me sens plus attriste:
Je pense a toi qui n'as pas de verite feinte,
Je pense a toi qui dois m'attendre impatiente,
Je pense a toi plus chere encore dans l'attente,
Oh! ma Maman, je crois en toi, ma bonne sainte.
Andre BREVAL.
_Testament fait le 4 Mai 1915 par le Soldat Maurice BRIOT, tombe au
champ d'honneur le 9 Juin 1915._
MES DERNIERES VOLONTES....
J'espere que ce carnet tombera entre les mains d'un frere et qu'il le
fera parvenir a ma femme a qui je le dedie.
Je laisse a ma femme tous mes biens, proprietes baties et non baties.
Je lui reconnais comme sa propriete personnelle tous les meubles, le
linge et les effets qui ont ete achetes avec son argent personnel et en
communaute.
Je legue a ma filleule Renee Bernard la somme de 1.000 francs (mille
francs) due par mon oncle a moi.
J'ai l'espoir que l'argent que je dois a mon pere ne sera pas reclame a
ma femme. Je laisse le soin de payer mes dettes par ma femme sur ce que
je lui laisse.
Ma derniere pensee sera pour tous ceux qui me sont chers, pour ma femme
d'abord, puis mon pere et tous les miens que ma mort pourrait attrister.
Je pardonne a tous ceux qui m'ont fait du mal et je remercie ceux qui
m'ont fait du bien.
Je demande pardon a tous les miens pour toutes les peines que j'ai pu
leur faire.
Je veux que ma mort n'acheve pas la vie de ma femme. Je veux qu'elle se
remarie avec quelqu'un qui l'aime comme je l'ai aimee, et qu'elle soit
heureuse, a moins que, trop attristee de ma mort, elle consacre sa vie
aupres de mon pere qui merite beaucoup d'affection.
Je tiendrais a ce que mon corps ou les debris de mon corps soient
transportes dans le petit cimetiere de Jardres, pres de ceux qui me
furent chers, et que l'on depose sur ma tombe les fleurs que je prefere.
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