ultime qu'ils viennent d'entreprendre.
Le canon tonne sans arret. Nous sommes presentement hors d'atteinte de
ses coups. A l'heure voulue, nous nous ebranlerons et nous vaincrons si
Dieu le permet.
Ma pensee retrouve les cheres votres, mon coeur s'unit a vos coeurs plus
fortement que jamais.
En hate! baisers fortement doux et tendres a partager avec notre chere
petite mere, avec le bon Noel et Daniel.
Je te presse sur mon coeur.
HENRI.
_Lettre ecrite par Louis-Gustave GUIBERT, Agent de liaison au 30e
Regiment d'Infanterie, tombe au champ d'honneur, le 25 Septembre 1915,
au combat de Perthes._
Le 24 Septembre 1915.
Ma Grand'Mere bien-aimee,
Peut-etre un laps de temps assez long s'ecoulera avant que je puisse a
nouveau te donner de mes nouvelles. Pendant cette periode d'attente,
je te prie simplement de penser un peu plus a moi et de prier pour la
France et la grandeur de notre Patrie, dont mon coeur sensible et porte
vers les arts admirera toujours les divines productions, la belle
litterature, la musique, les objets de luxe, que sans fatuite j'ai cru
comprendre et gouter.
Je souhaite que ma prochaine lettre soit ecrite de Rethel ou de Mezieres
et que l'action qui va se derouler devienne la realisation de cette
magnifique esperance qui ne m'a jamais abandonne et fut toujours
impatiemment attendue.
En bon Francais, je ferai mon devoir jusqu'au bout. Il me semble que je
rachete bien des petites erreurs passees. Cela ne diminue en rien la
vive tendresse que toute ma vie j'ai ressentie pour ma famille et pour
toi, Memee, qui fut une maman bien tendre et eut un coeur exquis de
grand'mere.
Si la joie immense m'est devolue de me voir vainqueur guerrier sur le
bord du Rhin ou plus modestement a notre frontiere, je te demanderai
de m'envoyer ce qui pourrait me faire besoin. Pour l'instant, je te
remercie simplement de la delicieuse lettre recue cette apres-midi et je
vais te rassurer: ma sante est parfaite. Je couche sur la dure! Mais que
seront les jours a venir a cote de ceux que je passe? Ne me plains pas.
Espere. Je te reviendrai un jour tres fier, mais tres doux, et si les
privations momentanees m'ont amaigri un peu, sache que je suis bien plus
elegant encore que par le passe.
Je suis (tu me le demandes) cycliste du capitaine Brun, mais appartiens
a la 2e Compagnie du 1er Bataillon. Voila pourquoi mes adresses sont
dissemblables. J'aime mon chef. Il m'estime beaucoup ... c'est une
raiso
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