fond de notre belle France.
Ne pleurez pas ma mort, ce serait faire injure a ma memoire; placez mon
portrait en tenue a la place d'honneur du salon et ne l'encadrez pas
de crepe, car je veux etre uniquement un souvenir de gloire et non de
deuil. Ceux qui sont tombes en soldat ont droit que l'on ne pleure pas
leur trepas puisqu'ils l'ont librement consenti et juge utile.
Adieu et vivez pour transmettre mon exemple a ceux qui auront la gloire
d'achever la tache.
GUSTAVE.
_Lettre ecrite par Louis-Don-Joseph VINCENTELLI, 158e Regiment
d'Infanterie, tombe au champ d'honneur, le 9 Juillet 1917, a Souchez._
8 Juillet.
Chers Parents,
J'ai recu votre lettre datee du 13 Juin et suis tres heureux de vous
savoir en bonne sante. Nous etions au repos pour un mois, mais un ordre
vient d'arriver et nous partons dans deux heures pour Lorette. _Ca doit
chauffer_, mais mon courage n'a pas diminue. Je suis tres content de
savoir que vous vous soumettez a la volonte de Dieu. Oui, chers parents,
je ne vous demande que cela. Meme si un jour vous appreniez ma mort, eh
bien! ayez la consolation de savoir que votre fils aura fait tout son
devoir.
J'ai prevenu un de mes camarades de combat de vous envoyer la photo
si je venais a tomber: il s'appelle Velin, Marius, de Saint-Saveurnin
(B.-du-R.).
Un Marseillais a recu une lettre de Marseille dans laquelle on lui dit
que les Marseillais en ont assez. J'ai ete peine d'apprendre cela. Quant
a vous, je suis persuade que vous aurez toujours bon courage.
Voyez, chers parents, je ne vous cacherai rien. Au Valdabon,
j'etais toujours malade, depuis le debut jusqu'a ce que je rentre a
l'infirmerie, j'ai souffert des intestins; les premiers jours, a la
visite, on m'a reconnu et apres le major ne m'a plus reconnu; depuis ce
jour, j'ai toujours marche.
Dieu sait toutes les fatigues que j'ai supportees et pourtant, grace a
lui, jamais je ne me suis decourage, non, jamais, car je priais.
Il n'y a que le jour ou, arrive au maximum de mes forces, on m'a
rapporte a moitie mort a l'infirmerie. Mais Dieu m'a reconforte, car
ma maladie a disparu et je suis frais et dispos, aussi j'emploierai ma
sante au service de la France.
Que Michel n'oublie pas son devoir de chretien: je lui demanderai de
faire une sainte communion pour moi.
Ce soir, j'irai a l'eglise voir si l'on me fera la faveur de communier
avant de partir pour les tranchees.
J'espere recevoir l'argent demain ou apres-de
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