, il est
la-bas tout seul sans personne pour partager sa peine. Vous aussi vous
aurez ce coup-la bien dur et rien ne pourra jamais vous consoler de
la perte que nous venons de faire. Il nous reste cependant a tous une
consolation, c'est de penser qu'il pourra un jour, quand cette terrible
guerre sera finie, dormir son dernier sommeil au pays natal et que sur
sa tombe nous pourrons aller lui dire que nous ne l'oublierons jamais.
C'est la volonte de Dieu qui l'a rappele a lui; du haut du ciel, il
prie maintenant pour ceux qui etaient sur la terre l'objet de ses
preoccupations et pour ses camarades qui combattent toujours, car ce
sont les vivants qui ont besoin de prieres. Priez pour nous tous et pour
que cette terrible guerre finisse un jour.
Votre fils devoue qui vous embrasse pour lui et pour son frere,
JEAN-MARIE.
_Lettre ecrite par Paul LEVEQUE, engage volontaire a 17 ans, le 7
Septembre 1915, disparu pres de Verdun, au 54e Regiment d'Infanterie, le
21 Juin 1916._
Belrupt, 19 Juin 1916.
Maman cherie,
Nous montons ce soir a Verdun. La bataille diminue sur ce front-ci. Il
ne faut rien craindre pour moi; nous sommes prets tous; vraiment, il
est magnifique de voir de pres l'enthousiasme de certains soldats qui
paraissaient si fermes.
J'ai eu la grande joie de communier ce matin ... te dire ce que j'ai ete
heureux de le pouvoir faire. Le bon Dieu decidera de mon sort, et au
fond du coeur il faut dire: que votre volonte soit faite et non la
notre.
Il faut te dire aussi que nous serons au moins dix jours sans ecrire et
sans avoir rien comme ravitaillement; ton colis m'arrive comme si Dieu
l'avait permis.
Oh! ma maman, qu'il m'est doux de faire mon grand devoir d'homme, de
soulager ainsi notre plus grande France; prie bien et reste ferme avec
moi pour nous retrouver tous a la victoire glorieuse. Ton Paulo restera
bon et deviendra meilleur encore; prions plus que jamais, que ton coeur
soit haut et gai pour nous tous, que je le savoure encore comme le bon
Dieu le voudra bien.
J'aurais voulu avoir quelques lignes de toi ce soir! mais tu n'auras pas
non plus de mes lettres, il ne faut pas que tu t'ennuies!
Dis bonjour a Madame X... de ma part, je n'ecris qu'a toi et n'ai le
temps de rien.
Bons baisers a toi, a papa et de toi a tous.
Ton petit,
PAULO.
_Lettre ecrite par le Sous-Lieutenant Georges LEVY, 3e Bataillon de
marche d'Infanterie legere d'Afrique, tombe au champ d'honneur, a
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