s que j'aime
tant, avec toute l'affection de mon coeur de soldat francais.
Vive la France et a bientot la joie du retour.
Votre fils qui pense toujours a vous,
ROGER.
Je joins un petit mot a la lettre de Roger, a mon vieux frangin, pour
vous assurer de notre inseparable amitie et vous envoyer, a vous et a
tous les votres, mon plus affectueux souvenir. Ayez confiance, nous
reviendrons tous deux. Dieu ne nous abandonnera pas. Si toutefois le
sort nous designait, vous auriez la satisfaction de savoir que c'est
pour votre bien-etre a tous que notre sang aurait ete verse.
Encore une fois, soyez tous courageux comme nous-memes en cas de malheur
et recevez encore mes affectueuses amities.
RAYMOND.
_Derniere lettre du Lieutenant Rene MONIER, du 43e Regiment d'Infanterie
Coloniale, mort pour la France, le 28 Septembre 1915, a Givenchy._
Le 11 Septembre 1915.
...L'heure n'est pas aux discours, a la phraseologie. Le vocabulaire de
l'heroisme epistolaire est d'ores et deja epuise et je n'ai garde de
vous laisser une de ces belles lettres in extremis en "tremolo majeur",
du genre de celles qui trouvent place chaque jour dans nos quotidiens en
mal de copie.
Inutile de vous redire ce que je fus pendant ma vie, vous le savez, je
ne vous ai jamais rien cache.
Inutile de vous dire ce que je serai devant la mort, au champ d'honneur,
vous le devinez ou d'autres vous le diront.
"Mourir pour la Patrie est le sort le plus beau". Ce n'est pas moi qui
l'ai dit; mais je tiens du moins a tirer de cette verite universellement
acceptee toutes ses consequences logiques. Donc:
1 deg. Pas de larmes! On ne pleure pas un etre que l'on sait avoir joui du
sort le plus beau.
2 deg. Pas de deuil, mon desir est formel et devra etre respecte.
3 deg. Ni discours, ni fleurs, ni couronne sur ma tombe ... mais un simple
drapeau!
Je legue mon sabre et mon epee a papa, qui les mettra en panoplie dans
son bureau pour symboliser les deux etats ou je sus, grace a l'exemple
qu'il m'a donne, faire droitement et simplement mon devoir.
_Lettre de MONNIER, Charles, 217e Regiment d'Infanterie, 4e Compagnie de
Mitrailleuses, tue a Locre (devant le mont Kemmel), le 31 Mai 1918._
Mai 1918.
Parents cheris, Soeur et Frere,
Quand vous recevrez cette lettre, je ne serai plus.
Ne vous desolez pas trop, chers parents; Dieu m'appelle a lui; la Patrie
demande mon sang; volontiers je le donne, apres tant d'autres.
Ne vaut
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