France, de
la Belgique. La Paix alors ne serait pas eloignee et ceux qui auront la
chance d'echapper au carnage pourront retrouver ceux qu'ils aiment.
Si je ne suis pas de ceux-la, ma bonne mere, tu devras assurer ton
existence, car il est trop tard pour que je te guide. Mais tu as tous
les renseignements necessaires pour obtenir ce qui m'appartient; je te
rappelle que mes papiers sont chez Monsieur Bryon, 112, rue de Savoie, a
Bruxelles; Mademoiselle Bertha, mon employee, se mettra certainement a
ta disposition pour te donner tous les renseignements au sujet de mon
entreprise; tu devras l'indemniser pour sa collaboration durant la
guerre; je te laisse le soin pour la facon dont tu devras le faire.
Entoure-toi des conseils de Monsieur Guison, dont l'amitie m'assure
son devouement a ton egard. Pour toutes les affaires, comme il sera
indispensable que tu produises l'acte de deces, tu devras t'entourer de
tous les renseignements. Adresse-toi au Colonel ou au Commandant de
la 20e Compagnie quand tu seras quelques jours sans recevoir de mes
nouvelles; je te promets, chere mere, de t'ecrire chaque jour, ne
serait-ce qu'un mot; tiens compte toutefois des difficultes de
correspondance.
Je te souhaite une bonne sante et recois, ma bonne mere, les bons
baisers de ton fils.
CHARLES.
_Lettre ecrite par l'Adjudant Georges CUVELLE, 63e Regiment
d'Infanterie, tombe au champ d'honneur._
24 Septembre 1915.
Mon cher Leon,
Nous n'avons plus le temps de les faire longues, nos lettres.
C'est demain le _grand jour_!!
Tu verras les journaux. J'ai grand espoir que tout ira bien. Aussi, en
attendant que tout soit fini, je t'embrasse bien fort.
GEORGES.
_Lettres ecrites par le Caporal reserviste Baptiste DEBONNE, du 3e
Zouaves, blesse mortellement, le 7 Septembre 1914, a la bataille de la
Marne._
Zemmorah, 3 Aout 1914.
Cher Pere,
Je t'ecris ces quelques lignes avec sang-froid. Je pars demain a
destination d'Oran au 3e Regiment de Zouaves. Je pars content de
defendre notre chere France. Si je meurs, tu seras fier de dire un jour:
"Mon fils est mort pour la Patrie". Tu reporteras ton affection sur tes
autres enfants.
Adieu, cher pere, je vous embrasse tous du plus profond de mon coeur et
surtout ma maman cherie.
Ton fils cheri,
BAPTISTE.
Paris, 18 Septembre 1914.
Cher Pere,
Les forces me manquent pour pouvoir te faire une longue lettre; tu peux
croire que j'y mets toute ma bonne
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