as mal loges, pour le prix, on ne
peut pas crier, on ne peut pas se plaindre....
Ce matin, pour venir, qu'est-ce que nous avons pris comme bain de pieds:
il etait tombe de l'eau toute la nuit, et nous en avions jusqu'aux
genoux, nous etions dans la joie, car plus nous sommes dans la
mouise plus nous avons le sourire. Tu vois, voila les Poilus de la
Republique...
DEVLAEMINCK.
_Lettre ecrite par Augustin DOUNET, 81e Colonial, tombe au champ
d'honneur._
4 Juin.
Bien chers amis M. et Mme Gelin,
Je ne saurais trop dans quelle idee j'ecrirai cette lettre. Que
devez-vous penser de ce soldat qui venait parfois se faire payer toutes
sortes de gateries pendant les longues journees d'hiver. Que vos
caresses et belles paroles lui faisaient oublier les jours de guerre.
En effet, c'etait plus la guerre que de vivre aupres de vous, mais le
bonheur. Croyez-vous qu'il vous a oublies? Non. Tous les jours j'y
pense, a ces soirees recreatives, et voudrais pouvoir vous dedommager
de tant de peine. Mais maintenant, malgre ma bonne foi, je ne peux vous
etre agreable que par ma lettre. Ca fait rien. Il faut esperer que cette
guerre ne durera pas longtemps maintenant et qu'apres tant de peine on
pourra se revoir contents et glorieux de notre devouement. C'est pour
vous que je parle, car nous autres, c'est rien en comparaison de ce que
vous fites pour nous.
Avant de finir, laissez-moi vous parler un peu du paysage pour
changer les idees. On ne peut pas toujours parler de la terreur qui
malheureusement court toutes les langues europeennes. Nous avons passe
en arriere pour prendre un peu de repos, dont je pense avoir envoye un
mot a mes devoues amis. Mais tout marche a merveille. Tout le monde
travaille et avec entrain. Aussi pas de terre inerte. Les recoltes sont
elegantes et semblent vouloir fructifier. C'est beau que de voir la
terre couverte d'une verdure qui pousse, et dans notre passage semble
nous dire: defends-toi et le sol te nourrira. C'est beau pour moi de
voir que le coeur des Francais n'oublie pas leurs braves soldats et
s'efforce pour faire le travail de leurs chers qui pour le moment sont
au service commun. Les grands arbres qui couvrent la route nous donnent
une fraicheur exquise pendant le cours des marches militaires: au-dessus
viennent lancer leurs joyeuses chansons les petits oiseaux. C'est beau
le pays a cette belle saison du printemps. Les belles prairies qui vont
nous donner leur fourrage nous embaumen
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