l faut obeir, c'est dur en
l'occurrence!!!
Encore une fois avons-nous la chance de voir la Franche-Comte epargnee.
J'ai passe de bien mauvais moments en pensant a vous et vos familles
restes a Paris, au moment ou ces brigands s'approchaient a marches
forcees de la capitale. Je revoyais possibles les horreurs et la famine
du siege precedent et je me figurais qu'a temps tu aurais rejoint
Etrappe pour eviter le peril que je vise ci-dessus; car il n'aurait pas
fallu songer a aller chez Julia, en cas de desastre, sa maison etait
destinee a etre abattue la toute premiere, de par sa situation au pied
du fort La Chaux; il aurait fallu au contraire qu'elle-meme se refugie
a Etrappe. Vous n'y auriez pas ete grands seigneurs, ni les uns et les
autres, mais cela eut mieux valu que rester a Paris.
As-tu eu des nouvelles du gamin? Je suppose que oui. Toutefois, il est
possible que, fait prisonnier, il ne lui soit pas possible de faire
savoir ou il est.
Je sais que Francois est rentre a Sochaux, ou il travaille aux
automobiles, que Daclin est en Alsace, qu'Edmond, d'Etrappe, est enrole.
On m'a annonce la mort de plusieurs soldats de chez nous, la capture de
quelques autres. Et moi, mon cher frere, pendant ce temps, je ne fais
rien, ou du moins pas mon devoir de fils de Franche-Comte.
Je suppose que vous etes en bonne sante. J'espere aussi que, malgre le
marasme des affaires, tu trouves a t'employer et ce, dans Paris meme, en
raison du depart de tous les hommes ayant l'age de prendre les armes.
Je ne sais quand j'ecrirai de nouveau; si la chance voulait que je
rentre, je te ferais savoir mon arrivee en France depuis Marseille. Je
finis mon sejour le 22 Juin prochain. La guerre durera encore plus tard,
alors tant mieux pour moi, car j'y prendrai part. C'est, Edmond, mon
plus grand, mon seul desir. Si j'y reste, eh bien, vive la France!!!
Embrasse tout le monde pour celui qui est et restera l'onchot.
GAUDARD.
_Lettre ecrite par le Marechal des Logis Henri GAVARD, 21e Chasseurs a
cheval, tombe au champ d'honneur._
Ma bien chere petite Maman,
Sois courageuse et ne te laisse pas abattre par la triste nouvelle de ma
mort que je tiens a t'apprendre moi-meme.
Oui, ma pauvre maman, comme tant d'autres, j'ai paye de mon sang mon
tribut a notre belle Patrie. Il est toujours terrible de perdre ses
enfants, mais songe combien tu peux etre fiere en pensant que tes deux
fils sont morts en defendant l'honneur et la gran
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