lettres. Merci pour vos encouragements. Je les
porte graves dans mon coeur. Mon regiment attaque demain et ma compagnie
est en premiere ligne. C'est vous dire, mes bien-aimes, que je touche a
l'une des heures les plus solennelles de ma vie. Soyez sans inquietude,
j'ai fait ma paix avec Dieu, j'ai confiance en Lui et j'espere en sa
bonte. Lui qui sonde les coeurs sait que j'ai horreur du sang. Je vais a
la lutte sans haine contre nos ennemis, mais pour remplir mon devoir de
bon Francais, de soldat de la Liberte et de bon chretien. Puissent les
flots de sang genereux verses pour une cause sainte etre le signal d'un
magnifique renouveau pour notre France meurtrie ... et puisse la paix du
Seigneur regner a jamais entre les hommes.
Au revoir, mes bien-aimes. Merci pour votre bonne et reconfortante
affection. Priez Dieu pour moi et pour votre fils et frere bien-aime
Andre et recevez les plus affectueux baisers de votre fils et frere.
LOUIS.
_Lettre ecrite par le Sergent Isaac-Henri BISMUTH, Regiment colonial
du Maroc, tombe au champ d'honneur, le 24 Octobre 1916, au fort de
Douaumont._
8 heures du matin.
Au front, le 22 Octobre 1916.
Cher Frere,
Je crois que c'est la derniere lettre que je t'ecris. Je pars
aujourd'hui, a 10 heures, en auto, a Verdun, et je monte probablement en
ligne cette nuit. On attaquera dans deux ou trois jours, je t'assure que
je ferai du bon travail; on attaque pour prendre le fort de Douaumont.
Eh bien! on le prendra, on le gardera, et en plus, les Boches, on les
aura.
Je laisse le caoutchouc que Mme Sebah a bien voulu me payer, chez une
bonne femme qui habite Stainville; s'il m'arrive un malheur, tu
le reclameras. Voici son adresse: Mme Gallois, rue Nationale, 57,
Stainville (Meuse).
Je pars avec enthousiasme et espoir de vaincre; j'ai une mission a
remplir, je la remplirai jusqu'au bout.
J'ai confiance en notre victoire et je t'assure qu'on aura l'avantage.
Donne bien le bonjour, etc.
Ton frere,
Henri BISMUTH.
_Lettre de Henri BONHOMME, 63e Bataillon de Chasseurs Alpins._
28 Fevrier 1915.
Ma tendre Jeannette,
Voila quelque temps que je n'ai pas recu de tes nouvelles, mais
j'ose esperer qu'elles sont, comme les miennes, toujours bonnes. La
temperature est un peu froide, il tombait un peu de neige au lever du
jour, mais cela ne durera pas peut-etre. C'est aujourd'hui dimanche. Les
cloches tintaient delicieusement ce matin. Nonobstant le cliquetis de
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