n dehors, ma conscience est tranquille, je ne crains pas
la mort, au contraire, je la regarde bien en face; si toutefois ma
destinee est de retourner pres de toi, je retournerai; si le bon Dieu
decide autrement, il n'y a rien a faire; prie pour moi et mes hommes,
c'est tout ce qu'on peut faire; moi, de mon cote, si un malheur doit
m'arriver, je suis pret. Hier soir, avant de partir, je me suis fait
donner l'absolution de notre aumonier, je suis tranquille; si quelque
chose doit m'arriver, il t'avertira ou le medecin en chef a qui j'ai
donne mon argent et portefeuille. Haut le coeur. Vive la France!
C'est en face de la mort qui fauche autour de nous que l'on sent revivre
les sentiments de la foi la plus vive. Dieu est vraiment la qui me
protege et me garde, mais je suis bien resigne a sa volonte: s'il me
conserve pour ma chere Maria et mon cher Alexandre, je l'en remercie;
s'il juge que mon sang et ma vie sont utiles a la France, je serai
heureux de tout sacrifier pour la Patrie.
Voila trois nuits que je ne dors pas, mais le moral prime sur la fatigue
et mes hommes sont merveilleux. Heureux ceux qui verront la victoire et
le retour de ma chere Alsace a la France.
Recois de ton Robert les meilleurs baisers, caresses a Alexandre.
Tout a toi.
ROBERT.
_Dernier adieu de BERT, Paul, Sous-Officier au 43e Regiment
d'Infanterie, tue a l'ennemi, le 25 Septembre 1916, a l'age de 19 ans._
_ULTIMA VERBA_
Priez pour moi.
A MES PARENTS
Si l'honneur du Pays, de ma jeune existence,
Immole a son salut les reves d'avenir,
Que de ce sacrifice le noble souvenir
Eteigne en votre ame une injuste souffrance!
Surtout de l'holocauste ignorez le remords!
De me revoir aux cieux que le pieux espoir,
Ressuscitant ma vie a votre dernier soir,
Donne a vos coeurs meurtris le pouvoir d'etre forts.
_Lettre ecrite par le Sous-Lieutenant Ernest-Augustin BERTAULT, 132e
Regiment d'Infanterie, tombe au champ d'honneur le 22 Septembre 1914._
Ma derniere pensee sera pour tous ceux qui me sont chers, et pour mon
pays qui bientot sera le plus grand et le plus fier de tous.
A mes camarades, je demande de croire avec quelle fierte je me suis
trouve parmi eux et quelle affection j'avais vouee a notre cher
regiment. Qu'ils pensent a moi quand on sonnera au Drapeau.
Je demande, et ceci est ma derniere volonte, qu'on ne pleure pas ma
mort. C'est un honneur de pouvoir donner sa vie pour une cause aussi
bel
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