imple mecanique intellectuelle, resumee en un conflit de
deux natures, de deux passions, de deux mobiles, est la plus complexe
que M. Hugo ait concue. Tout l'au-dela de cette humanite chimerique lui
est d'habitude inconnu.
La tendance a l'irreel et au superficiel, qui lui fait simplifier et
raidir toutes les ames qu'il decrit, l'amene, par un choc en retour
apparemment bizarre, a concevoir la vie comme plus romanesque et plus
theatrale qu'elle n'est. Sachant en gros les catastrophes et les
conflits qu'elle peut presenter, ne tachant pas de penetrer dans le jeu
de petits faits, d'incidents sans portee, de bevues et de hasards dont
se composent les grands drames humains, les voyant de haut et de loin,
comme un homme qui dans une montagne ne distinguerait pas les assises et
dans une tour les moellons, M. Hugo represente la vie par ses gros
evenements. De la ses romans allant de coups de theatre en crises de
conscience, de situations extremes, en soudaines catastrophes, sans que
meme les interstices soient combles par des files de petits incidents
mediocres et quotidiens, tels que les chroniques et les memoires nous
les montrent exister sous les plus grands remuements de l'histoire. De
la son theatre machine, sanglant et surtendu dont les peripeties ont
tantot l'air apprete des effets de M. Scribe, tantot l'air excessif des
fins de drames.
Que ce manque de penetration, d'analyse, de souci des dessins, de
recherche du vrai sous l'apparent, cette irritante superficialite qui
rend creux les moindres poemes comme les plus empanaches heros, les
grosses catastrophes comme la moindre tirade amoureuse, est chez M. Hugo
le resultat non d'un eloignement volontaire de la realite, mais d'une
impuissance fonctionnelle, un fait significatif le montre: la pauvrete
d'idees qu'etale le poete en toutes les pieces ou il a tente de
developper quelque idee metaphysique donnee comme originale. Rien de
plus pueril que sa conception du jugement dernier, exposee a la fin des
premieres _Legendes_. Pour d'oiseux problemes debattus par de faibles
arguments, _Pensar Dudar_ et _Ce qu'on entend sur la montagne_ sont a
lire. Le deisme developpe dans les dernieres pieces des _Contemplations_
est aussi traditionnel, que le pantheisme de certaines pieces est celui
des bonnes gens. Et quant a son idee sur la metempsychose retributive,
rien ne paraitra plus confus. Il n'est pas en somme, dans toute l'oeuvre
du poete, des sujets aux peripeties, de la psychol
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