ut ou je le rencontre, car la
caricature a autant de droit a l'admiration que tout autre forme d'art."
Telles sont ces notes et cette conversation. Si l'on se reporte pour la
comprendre pleinement a l'etude sur le beau caracteristique qui se
trouve a la tete du catalogue deja cite, on verra qu'en somme M.
Raffaelli, a travers d'ailleurs bien des obscurites et des longueurs,
ecartant les designations de classicisme, de realisme, de romantisme et
de naturalisme, posant en principe qu'esthetiquement toute epoque a une
notion particuliere du beau, que socialement notre epoque est
caracterisee par un epanouissement, complet de l'individualisme et de
l'egalite, qu'ainsi l'unite humaine autonome et libre est le facteur
principal de notre vie sociale, on arrive a cette page d'un grand
souffle sur la necessite ou est la peinture de travailler a representer
l'homme et toutes sortes d'hommes.
"Le beau de la societe, ecrit M. Raffaelli, est dans le caractere
individuel de ses hommes, de ses hommes qui ont su conquerir lentement
leur raison, au milieu des affolements de la peur; de ses hommes qui ont
su conquerir leur liberte, apres des centaines de siecles de misere, de
vexations et d'abus miserables ou le plus fort a toujours asservi le
plus faible. Voila le beau chez nous. Il nous faut graver les traits de
ces individus; a tous, depuis les plus grands jusqu'aux derniers, parce
que tous ont bien merite de l'humanite.
"Que ceux qui ont une idee mediocre ou pauvre et qui ont besoin d'etre
en face de grands hommes pour s'apercevoir de la grandeur de l'homme,
s'adressent a nos de Lesseps, a nos Edison, a nos Pasteur ou bien a nos
politiques, aux generaux, aux ecrivains, aux artistes, aux grands
commercants, aux industriels fameux, aux philosophes; mais que ceux qui
se sentent l'ame elevee et le coeur vibrant pour la supreme beaute de
leur race prennent les plus humbles, les va-nu-pieds et les derniers
pauvres gens. Tous ont combattu, tous ont fait l'effort, tous sont
vainqueurs; qu'ils aient combattus par les idees ou par la force sans
comprendre bien, suivant leurs moyens, admirons-les! Je ne vois qu'une
chose debout: l'Homme grand, droit et degage." Et M. Raffaelli poursuit
en exhortant a l'etude passionnee et universelle de l'homme dans toute
l'etendue de la societe et dans toute la serie de ses conditions, de ses
manieres d'etre, de ses moeurs et de ses types.
L'on concevra maintenant toute l'importance de la doctrine artis
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