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La, nous saurons ce qui s'est passe, et nous pourrons alors parler de
l'avenir avec plus de certitude.
Le cardinal et Mayenne firent un geste d'assentiment et, piquant leurs
chevaux, s'eloignerent sur la route de Paris.
Guise s'avanca sur les ligueurs, essayant de donner a son visage
l'expression d'un triomphe qui etait bien loin de sa pensee.
--Mes bons amis, dit-il, nous venons de decider Sa Majeste a un acte qui
est plus qu'une grande victoire pour Paris: le roi promet d'assembler
les etats generaux...
--Vive le grand Henri!... hurlerent les ligueurs.
--Vive le roi! reprit le duc avec une rage concentree. Sa Majeste
temoigne une bonne volonte pour laquelle nous lui devons toute notre
reconnaissance. En une semblable et si heureuse conjoncture, mes bons
amis, vous n'avez plus qu'a retourner paisiblement a Paris, pour y
preparer vos cahiers. Vous savez que je vous aiderai de tout mon coeur,
lorsqu'il s'agira de les presenter a Sa Majeste...
--Vive Lorraine! Vive le pilier de l'Eglise! vocifererent avec frenesie
les ligueurs.
Mais deja le grand Henri avait mis son cheval au petit galop et
disparaissait vers le Nord, laissant derriere lui cette ville de
Chartres, ou il etait venu chercher une couronne. Il etait sombre.
Bientot, ce calme qu'il s'etait impose se fondit comme la glace au
soleil. La fureur se dechaina en lui. Seul, pareil a un fugitif, il
courait sur la route. Il labourait de coups d'eperon les flancs de son
cheval. Au bout d'une heure de cette course folle, la bete s'abattit.
Guise, cavalier consomme, sauta, se retrouva sur ses pieds. Ce qui le
rongeait surtout, c'etait de ne pas savoir pourquoi le moine n'avait
pas frappe. La chose etait si bien combinee!... Il avait fallu quelque
miracle pour sauver Henri III.
Comme il meditait ainsi, une quinzaine de cavaliers apparurent a
l'horizon et se rapprocherent de lui, rapidement. Bientot, il les
distingua clairement: c'etait une partie de ses gentilshommes qui
le rejoignaient. A leur tete couraient Bussi-Leclerc, Maineville et
Maurevert. En apercevant le duc de Guise a pied, debout pres de son
cheval fourbu, ils s'arreterent.
L'un des gentilshommes mit pied a terre et ceda sa monture au duc, qui
aussitot se mit en selle. Toute la troupe repartit en silence. Une
heure plus tard, on rejoignit le duc de Mayenne et le cardinal. Alors,
seulement, le duc de Guise interrogea ses familiers.
--Vous etiez a la cathedrale; vous avez tout vu...
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