moine qui ne frappait pas?... Elle regardait le
moine et songeait:
--Ce n'est pas lui!... Qui est la?... Qui est ce moine?... Oh! je le
saurai!... je veux le savoir!...
La ceremonie de l'adoration etait terminee... le roi se relevait... le
roi se remettait en marche... Et le moine, s'etant redresse lui aussi,
demeurait a la meme place!...
Marie de Montpensier jeta une sorte de gemissement rauque. Et, comme la
foule s'ecoulait, Fausta marcha au moine... s'arreta devant lui...
Une longue minute, ils se regarderent, tandis que la duchesse de
Montpensier, affolee, eperdue, cherchait le sonneur pour lui donner
l'ordre de sonner les six coups... le signal de la defaite...
--Qui es-tu? demanda Fausta d'une voix rude.
En meme temps, elle chercha sous son froc le poignard qu'elle portait
toujours sur elle.
Au son de cette voix, le moine avait eu un mouvement, et Fausta percut
comme une espece d'eclat de rire.
--Pardieu, madame, repondit le moine, moi je n'ai pas besoin de voir
votre visage! Car votre voix est de celles qu'on n'oublie jamais,
surtout quand on a ete dans la nasse!... Vous voulez savoir qui je
suis?... Regardez, madame!
Aux premiers mots, aux premiers sons de cette voix, Fausta avait recule
de deux pas. Sous son capuchon, son visage devint d'une paleur de morte.
Et, pendant que le moine parlait, elle se disait:
--C'est sa voix! C'est lui! Et il est mort! C'est sa voix que je hais
et... que j'aime!...
A ce moment, et comme le moine prononcait les derniers mots, il rabattit
son capuchon, et la tete de Pardaillan apparut. Fausta vit cette
tete pale, ou eclatait l'ironie nuancee de pitie. Un fremissement la
bouleversa. Le delire du meurtre, l'appetit de tuer se dechainerent en
elle. Et elle se ramassa comme pour bondir et frapper.
Pardaillan ne fit pas un geste. Un geste... Et il etait mort
peut-etre!... Cela dura un eclair.
Cette immobilite de spectre sauva Pardaillan.
Fausta, vaincue encore une fois par cet homme qui n'etait rien dans le
gouvernement des hommes, s'appuya a un pilier pour ne pas defaillir.
Pardaillan s'approcha d'elle. Sur son visage, il n'y avait plus
d'ironie.
--Madame, dit-il d'une voix basse, mais penetrante, laissez-moi vous
repeter ce que je vous ai dit a notre premiere rencontre: vous etes
belle, vous etes la jeunesse radieuse. Retournez en Italie... Soyez
simplement une femme... et vous trouverez le bonheur.
Aimez l'amour. L'amour, c'est toute la femme et to
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