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a pas meme cette vue superficielle des choses environnantes qui rend lisible Duclos. Ses causeries, pour ce qui est du fond, et dans une forme abandonnee et languissante qui, malheureusement, n'est qu'a lui, annoncent beaucoup moins Duclos qu'elles ne rappellent les _Lettres galantes_ de Fontenelle. Ce sont des memoires pour ne pas servir a l'histoire de son temps. Il est juste de faire quelques exceptions. On a releve avec raison ce passage ou nous apparait un pauvre jeune homme, distingue, aimable, causeur spirituel, et qui devient absolument muet, stupide et paralyse de terreur devant son pere. Voila qui est vu, et voila un renseignement. Mais dirais-je qu'il me semble que cela a bien l'air d'un cas tres particulier et exceptionnel, et forme un renseignement plutot sur l'epoque anterieure que sur celle dont est Marivaux?--J'aime mieux citer la jolie page sur l'admiration des Francais pour les etrangers, parce que c'est la un travers qui parait bien s'introduire en France precisement dans le temps que Marivaux l'observe et le denonce. Le passage, du reste, est charmant: "C'est une plaisante nation que la notre: sa vanite n'est pas faite comme celle des autres peuples; ceux-ci sont vains tout naturellement, ils n'y cherchent point de subtilite; ils estiment tout ce qui se fait chez eux cent fois plus que ce qui se fait ailleurs... voila ce qu'on appelle une vanite franche. Mais nous autres, Francais, il faut que nous touchions a tout et nous avons change tout cela. Nous y entendons bien plus de finesse, et nous sommes autrement delies sur l'amour-propre. Estimer ce qui se fait chez nous! Eh! ou en serait-on s'il fallait louer ses compatriotes?... On ne saurait croire le plaisir qu'un Francais sent a denigrer nos meilleurs ouvrages, et a leur preferer les fariboles venues de loin. Ces gens-la _pensent plus que nous_, dit-il; et, dans le fond, il ne le croit pas... C'est qu'il faut que l'amour-propre de tout le monde vive. _Primo_ il parle des habiles gens de son pays, et, tout habiles qu'ils sont, il les juge; cela lui fait passer un petit moment assez flatteur. Il les humilie, autre irreverence qui lui tourne en profondeur de jugement: qu'ils viennent, qu'ils paraissent, ils ne l'etonneront point, ils ne deferreront pas Monsieur; ce sera puissance contre puissance. Enfin, quand il met les etrangers au-dessus de son pays, Monsieur n'a plus du paysan au moins: c'est l'homme de toute nation, de tout caractere d'esprit; et
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