irable psychologie feminine, j'entends une psychologie de
la femme comme il semblerait qu'une femme seule put l'avoir. On est
quelquefois etonne de sa penetration sur ce point. Par exemple, c'etait,
c'est peut-etre encore une banalite que d'estimer que les femmes sont
fausses. Marivaux sait parfaitement qu'il n'en est rien. Ce n'est vrai
que pour ceux qui ne font que les ecouter, et qui s'en tiennent a
leurs paroles. A ce compte, on peut, en effet, les accuser quelquefois
d'artifice. Mais c'est une injustice veritable. Comment un etre qui est
tout de sentiment et de passion pourrait-il tromper? Il ne peut que
mentir. Precisement parce qu'il a conscience que la vivacite de ses
sentiments et son incapacite de reflexion livre a tout venant ses
secrets, il essaye peut-etre d'abuser par ses discours. Mais ce
n'est que la preuve qu'il est et qu'il se sent incapable de tromper
autrement.--Et, de fait, vous n'avez qu'a ne pas l'ecouter: la verite
sort et eclate de tous ses gestes, de tous ses airs, de tous ses
regards, de toutes ses attitudes, et se precipite de tout son etre. Ce
qu'il pense, il vous l'apprend toujours "par une impatience, par une
froideur, par une imprudence, par une distraction, en baissant les yeux,
en les relevant, en sortant de sa place, en y restant; enfin c'est de la
jalousie, du calme, de l'inquietude, de la joie, du babil, et du silence
de toutes les couleurs... Une femme ne veut etre ni tendre, ni delicate,
ni fachee, ni bien aise; elle est tout cela sans le savoir, et cela est
charmant. Regardez-la quand elle aime et qu'elle ne veut pas le dire.
Morbleu! nos tendresses les plus babillardes approchent-elles de l'amour
qui perce a travers son silence[25]?"
[Note 25: _Surprises de l'amour_, I, 2.]
Avec cette connaissance qu'il avait des femmes, des sentiments qu'elles
eprouvent et de ceux qu'elles inspirent, il avait tout un theatre tout
nouveau dans la tete. La comedie de l'amour, voila ce qu'il a ecrit, et
que personne n'avait ecrit avant lui. Racine en avait fait le drame, et
precisement Marivaux est un Racine a mi-chemin, un Racine qui ne pousse
pas le conflit des passions de l'amour jusqu'a leurs consequences
funestes, et qui, par cela, reste auteur comique, un Racine qui n'ecrit
que le second acte d'_Andromaque_.
On a dit qu'il n'avait jamais peint que "l'aube de l'amour", que l'amour
en ses commencements incertains et indecis, et qui s'ignore encore.
C'est que c'est la, et non ailleurs, qu'e
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