e et appuye, toutes les dames qui veulent du bien
a M. Jacob; details scabreux, peintures lascives qui se repetent
a satiete; une certaine gorge de madame de Fecourt qui reparait
regulierement, toutes les dix pages... Et tout cela aussi tres
conventionnel, sans relief, sans individualite des personnes:
mademoiselle Habert a part, je confesse que je confonds toutes les
autres, et que j'attribue peut-etre a madame de Fecourt la gorge de
madame de Ferval ou de madame de Vambures.--Il y a meme un peu de
libertinage dans _Marianne_, et le, pied, dechausse par accident, de
Marianne est bien le pendant du pied, volontairement sans pantoufle, de
madame de Ferval.
En verite tout cela n'est pas de Marivaux; c'est de tout le monde qui
est autour du lui; cela n'a pas d'originalite parce que ce n'est pas
conception de l'auteur, substance de son esprit, mais matiere commune
dont il entoure et gonfle ses conceptions pour faire volume. Il a un
bien joli mot quelque part: "... moins a la honte de mon coeur qu'a la
honte du coeur humain; car chacun a d'abord le sien, et puis un peu
celui de tout le monde..."--Et chacun aussi a d'abord son esprit, et
puis un peu celui des autres, qu'on ajoute au sien pour etendre un peu
son domaine; mais a ces biens d'emprunt on ne laisse pas sa marque et
les traces d'une possession veritable.
Ce qui est bien de lui, ce sont des longueurs d'une autre espece,
d'interminables reflexions. "Je suis naturellement babillard", dit-il en
une preface. Il l'est doublement, etant de complexion un peu feminine,
et faisant etat de psychologue. Il faut qu'il explique tout par le menu,
et, quand il a tout explique, qu'il recommence. Il peint deux devotes
engloutissant des plats enormes avec des mines degoutees qui doivent
donner le change, et convaincre le spectateur, et elles-memes, qu'elles
n'y mettent point de concupiscence. Il suffisait de dire cela. Il le
dit, deja longuement, et ensuite:
"... Je vis a la fin de quoi j'avais ete dupe. C'etait de ces airs de
degout que marquaient mes maitresses, et qui m'avaient cache la
sourde activite de leurs dents. Et le plus plaisant, c'est qu'elles
s'imaginaient elles-memes etre de tres petites, de tres sobres
mangeuses. Et comme il n'etait pas decent que des devotes fussent
gourmandes (_sans doute, passons_); qu'il faut se nourrir pour vivre
et non pas vivre pour manger; que, malgre cette maxime raisonnable et
chretienne, leur appetit glouton ne voulait rien perdre, ell
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