mbre de deux mille ames environ, habite Uskub; elle est
par suite entierement composee de juifs espagnols ou "sephardim", comme
on dit ici; on sait que les juifs se divisent en deux branches: les
"Sephardims" ou juifs espagnols, venus en Turquie au XVe siecle, au
moment ou Ferdinand le Catholique les expulsait d'Espagne et ou le
sultan Bajazet les accueillait, et les "Achkenazims" ou juifs allemands,
venus de Russie et de l'Europe centrale.
Les premiers ont aujourd'hui leur centre d'action le plus influent a
Salonique, qui compte environ 75 000 juifs, plus des deux tiers de la
population. Il est du reste tres interessant de suivre sur place, comme
je l'ai fait, la frontiere entre les deux groupes qui divisent
aujourd'hui le judaisme; en partant de l'est, cette ligne passe d'abord
par Constantinople: dans cette ville, la grande majorite de la colonie
est espagnole, comme son grand rabbin l'erudit Dr Nahoum; mais un groupe
allemand s'y est cree depuis quelque temps et compte des chefs actifs,
tels que l'avocat Rosenthal et le russe sioniste Jacobson. De
Constantinople, la ligne traverse la Bulgarie, ou le nombre des juifs
est tres restreint, moins de 50 000, partages a peu pres egalement en
espagnols et allemands, ces derniers descendant de Roumanie, ou l'on
sait quelle agglomeration enorme de plebe juive est accumulee dans
toutes les cites et dans les campagnes. La Serbie reste entierement dans
la zone espagnole; d'ailleurs, le nombre des juifs y est infime: une
communaute a Belgrade, quelques individus a Nisch, Pirot, Kragujevats
peuvent seulement y etre signales; fait curieux, le sionisme est tres en
faveur aupres des juifs de Serbie, que dirige a cet egard le Dr Alkalai;
mais ils sont sionistes pour les autres, c'est-a-dire pour leurs
coreligionnaires de Russie, non pour eux-memes qui estiment fort
hospitalier le sol serbe; de Serbie, la ligne frontiere passe au nord de
la Bosnie, puis s'inflechit au sud de la Dalmatie, de la elle traverse
le nord de l'Italie et de l'Espagne, laissant ces deux pays, comme la
Mediterranee entiere, dans la zone espagnole.
Ainsi, l'ancienne Turquie d'Europe tout entiere etait dans la zone des
"Sephardims" et on evaluait a un demi-million environ leur nombre. De
leurs colonies les plus importantes, deux restent turques, celles de
Constantinople et d'Andrinople, deux deviennent serbes, celles d'Uskub
et de Monastir, et la plus importante de toutes, celle de Salonique, est
grecque.
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