s charges de la civilisation quand il en sentira les
bienfaits materiels; or, ces avantages, il les ignore, du moins dans
l'interieur du pays; c'est en commencant par les lui offrir, qu'on
reussira peut-etre a l'y interesser; c'est, en tout cas, la seule
methode de penetration durable; une autre peut s'imposer, mais que de
mecomptes n'est-elle pas susceptible d'engendrer! Pour implanter
vraiment les progres materiels de notre civilisation en Albanie et pour
assurer l'avenir, ce n'est pas une victoire des armes qui importe, mais
le changement de l'etat d'ame d'un peuple.
* * * * *
Tel est cet Etat nouveau, surgi au debut du XXe siecle des dernieres
convulsions de la Turquie agonisante en Europe. Du fond de l'histoire,
ou il a peut-etre joue jadis le premier role, l'Albanais ressuscite par
la force des sentiments imperissables. Saura-t-il s'adapter au milieu ou
il renait, ou, venu trop tard dans un monde trop vieux, ne reparait-il,
comme une vision ephemere d'un passe aboli, que pour disparaitre a
nouveau au milieu des peuples qui l'enserrent?
Disparaitre, il ne saurait. Quelque soit son sort, la race et le
sentiment national survivront; on ne peut rayer du nombre des nations
celle qui, plus de cinq siecles durant, a resiste, avec une si
merveilleuse vigueur, a la conquete turque et a l'assimilation
musulmane.
Mais, ce qui peut advenir, c'est qu'au lieu de donner naissance a une
petite Gaule, elle subisse le sort de la malheureuse Pologne, toujours
vivante et cependant disparue. Pologne aux qualites si brillantes, mais
divisee contre elle-meme; Pologne qui, avec un sentiment national si
vif, ne sut pas se gouverner et paya de son independance son gout de la
liberte individuelle; Pologne depecee par la politique des voisins a
l'affut, sera-ce ton histoire qui va revivre aux bords de la mer
Adriatique, si un nouveau Scanderbeg n'en vient point arreter le cours?
APPENDICE
_OUVRAGES SUR L'ALBANIE_
Il n'existe pas d'ouvrage d'ensemble sur l'Albanie actuelle, qui soit au
courant des faits recents. La plupart de ceux qui ecrivent sur ce pays
n'en ont vu par eux-memes tout au plus que les cotes et reproduisent ce
qu'ont publie divers auteurs en petit nombre, dont quelques-uns sont
deja anciens.
Les ouvrages en francais sont rares et datent au moins d'un quart de
siecle: ce sont ceux d'HECQUARD, _Description de la Haute-Albanie a
Guegarie_ (1859), de DOZON, qui a publie en 1
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