steme monetaire legue par la Turquie est le plus imparfait, le plus
complique, le plus anti-commercial qu'on puisse rever; l'organisation du
credit est presque inexistante et les operations de banque et de
paiement sont faites par les changeurs ou sarafs qui speculent sur
l'ignorance generale et l'insuffisance de la monnaie; c'est a peine si,
depuis deux ou trois ans, quelques tentatives d'organisation d'ecoles
primaires ont ete commencees et, en dehors de celles-ci, il n'existe que
des ecoles etrangeres dans les ports, de telle sorte que la masse de
cette population intelligente est completement illettree. Au point de
vue de l'organisation economique tout est donc a creer.
Pour cette oeuvre de longue haleine: construction de routes et de ports,
creation d'ecoles, etablissement de ponts et de telegraphes,
organisation d'une gendarmerie, institutions monetaires et bancaires,
l'Albanie a besoin d'un gouvernement qui sache administrer et en
detienne le moyen, c'est-a-dire l'argent.
La question financiere est la premiere a resoudre, et elle est insoluble
si l'on ne vient pas au secours de l'Albanie. La justice aurait voulu
qu'un emprunt fut contracte par la Turquie, qui en aurait conserve la
charge pendant un certain nombre d'annees, pour compenser ce qu'elle
n'avait pas fait pour l'Albanie pendant une si longue periode; cette
solution aurait ete possible, si un prince de la famille du Sultan
avait ete appele en Albanie et surtout si un lien de vassalite avait ete
maintenu entre la Porte et le gouvernement albanais.
On en est reduit a envisager un emprunt avec garantie internationale et
paiement des arrerages par les revenus de la douane. La possession de
ressources immediates va etre, en tout cas, la pierre d'achoppement du
nouveau regime en Albanie; pour y etablir la paix et organiser sa vie
economique, il faut de suite engager des depenses importantes; le pays,
incapable actuellement de les assurer, ne supporterait de les payer que
si on l'y contraignait par la force; ce n'est que du developpement de la
securite et des echanges qu'on peut attendre sa mise en valeur; celle-ci
amenera comme consequence l'aisance, la faculte de payer des impots et
surtout un nouvel etat d'esprit: lorsque l'Albanais verra les benefices
qu'il retire de l'organisation economique du pays, il ne croira plus que
l'impot qu'on exige de lui est percu injustement du seul droit de la
force et pour l'enrichissement d'etrangers.
Il supportera le
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