t-on esperer en
triompher.
Dans ce dessein, il ne serait pas inopportun de constituer une
federation de cantons, dont chacun conserverait une certaine autonomie
interieure; on respecterait ainsi les influences existantes, les
particularites religieuses et les traditions des tribus de la montagne.
En tout cas, un des moyens les plus efficaces de cohesion serait
d'assurer, par une mise en valeur intelligente, la prosperite du pays et
le developpement de ses richesses latentes.
* * * * *
Sans doute l'Albanie ne saurait pretendre a un avenir economique aussi
brillant que celui de la Macedoine et de la Vieille-Serbie. La montagne
y occupe de trop vastes territoires; les terres fertiles des vallees et
des plaines cotieres y sont trop limitees; mais cependant que de
richesses a mettre au jour!
Il serait faux de croire que la main-d'oeuvre manque ou est inhabile.
Sans doute, la population de l'Albanie autonome ne parait pas depasser
actuellement 1500000 a 1800000 habitants; encore ces chiffres sont-ils
tres incertains, puisque, sur la moitie du pays, on ne possede aucun
renseignement d'ensemble precis. Mais, si ces elements sont bons, ils
suffisent pour la mise en valeur du pays. Il est vrai qu'on soutient que
l'Albanais est homme d'epee et n'est que cela: que faire, dit-on, avec
de telles gens? Mes observations me rendent moins pessimiste a cet
egard.
Il est vrai que l'Albanais est un guerrier dans l'ame, car voila des
siecles qu'il est habitue au peril et a la lutte; l'education d'un
peuple ne se refait pas du jour au lendemain; mais je suis convaincu que
l'Albanais peut parfaitement s'adapter aux travaux de toute nature, et
je n'en veux pour preuve que ceux que je leur ai vu pratiquer: dans tout
le centre de l'Albanie, l'homme libre de la campagne est un paysan dont
les methodes sont arrierees, mais qui possede l'amour de la terre et le
culte de sa petite propriete; meme dans les montagnes du nord, des qu'un
coin de sol est cultivable, on l'exploite et, si les moyens sont
rudimentaires, ils montrent en tout cas le gout de la culture; les
Albanais emigres a Constantinople ont la reputation d'etre des
jardiniers aussi habiles que les Bulgares.
Aptes a l'agriculture, ils le sont aussi au commerce: beaucoup de
negociants de Scutari, de Durazzo, de Vallona, de Prizrend sont des
Albanais, et ceux de Scutari, connus pour leur savoir-faire, sont des
fils des rudes montagnards qui entouren
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