t la ville.
Autant qu'on peut en juger, ils semblent etre aussi capables de
s'adapter a l'industrie: n'est-ce pas eux qui a Prizrend, a Diakovo, a
Ipek, comme a Tirana ou a El-Bassam, travaillent l'or et l'argent,
ciselent les ornements de fer, fabriquent ces beaux pistolets de cuivre,
ces poignards incrustes, ces yatagans magnifiques? A Prizrend, j'ai
visite toute une partie du quartier commercant ou forgerons et ouvriers
albanais exercent ces metiers et y sont reputes pour leur habilete; sans
doute ces industries locales sont en decadence; la pacotille de
l'Europe centrale s'infiltre peu a peu; mais les qualites natives de la
race s'affirment encore: l'Albanais, generalement intelligent,
vigoureux, subtil, est tres capable de s'adapter a tous les metiers,
comme d'ailleurs il le fait deja dans les villes ou il emigre.
Mais agriculture, commerce, industrie, voies de communication, moyens
d'echange, tout est a creer ou a perfectionner, car volontairement la
Porte a tout laisse a l'abandon.
Actuellement l'Albanie est un pays purement agricole: la culture de
certains produits, l'industrie pastorale et forestiere forment la
presque totalite de sa production. Celle-ci est mise en valeur par la
petite propriete patriarcale et la grande propriete feodale: la premiere
revet une forme presque collective dans les tribus des montagnes du nord
et une forme plus etroitement familiale chez les paysans du centre; la
seconde comporte dans le centre, a l'ouest et au sud, de vastes domaines
exploites par des fermiers. Grands et petits proprietaires cultivent
surtout le mais et, en seconde ligne, le ble d'un bout a l'autre du
pays; puis l'olivier a partir de Durazzo, particulierement sur la cote;
le riz le long de quelques fleuves, dans la plaine d'El-Bassam et sur
les rives de la Vopussa; le coton aux environs de Vallona; enfin les
fruits et un peu de seigle, d'avoine et d'orge.
Mais une tres grande partie des terres cultivables restent en friche,
faute de securite et de moyens de communication, faute aussi du desir de
les mettre en valeur, l'echange etant insuffisamment developpe. Le ble
notamment pourrait prendre une extension considerable et etre exporte.
Toutes ces cultures donnent d'excellents produits, le climat etant
favorable, selon les lieux, au mais, aux fruits, au riz et au coton.
Cette production pourrait donc non seulement etre beaucoup plus
considerable en quantite, mais aussi grandement amelioree: on se sert
presqu
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