a su que
menacer, contracter d'enormes depenses, amener une crise economique
interieure, puis concevoir une Albanie, non pas creee sous sa protection
pour maintenir l'equilibre des influences et faciliter la liquidation
balkanique, mais inventee pour mettre obstacle au plus legitime desir de
la Serbie, celui de s'assurer un port sur la mer. A ce moment
l'Autriche-Hongrie, au lieu de ne prendre en consideration que ses
propres interets essentiels, a eu egard a ceux des autres, mais pour
s'y opposer. Le noeud de la crise presente et des difficultes futures
est la: la Serbie, dans le partage des territoires, avait obtenu son lot
legitime et la satisfaction de son interet capital: avoir un port libre
lui appartenant; l'Autriche ne pouvait a aucun titre pretendre qu'une
telle ambition heurtait ses interets essentiels; cependant, elle a mis
son honneur a interdire a la Serbie l'acces de l'Adriatique, en jouant
de l'autonomie de l'Albanie, comme si l'Albanie et les legitimes
interets de l'Autriche en ce pays etaient en quoi que ce soit en danger,
au cas ou les Serbes auraient pu creer un port purement commercial dans
l'extreme nord de la contree.
Des lors toute la diplomatie de l'Autriche etait determinee: une
creation juste et heureuse, ou l'Autriche aurait pu exercer son
influence, etait transformee en une machine de guerre contre la Serbie
par une politique malhabile, contraire aux vrais interets de l'Autriche
et infiniment pernicieuse dans ses resultats.
Rejetee de l'Adriatique, la Serbie devait se retourner vers la Bulgarie
et lui demander une compensation; c'est bien sur quoi comptait
l'Autriche, et des lors elle ne pensa qu'a brouiller les deux allies;
la Bulgarie se laissa tourner la tete par les promesses viennoises; mais
Vienne et Sofia recurent une rude lecon, dont les resultats, si merites
qu'ils fussent, n'en sont pas moins deplorables, car ils sont pleins de
dangers pour le lendemain. Une liquidation balkanique bien faite aurait
du assurer a la fois un equilibre des puissances des Balkans
proportionnel a leur force d'avant la guerre et une attribution des
territoires conforme dans les grandes lignes aux voeux des populations.
De toute maniere, ce dernier voeu etait difficile a etablir, les
nationalites etant emmelees au plus haut degre. Mais, avec des
sacrifices, des arrangements et des assurances reciproques, un etat de
choses convenable pouvait etre etabli.
Monastir paraissait devoir etre le point d'ou ra
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