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Dans un tel milieu, si l'on pretend du jour au lendemain appliquer nos
usages modernes, les principes d'egalite devant l'impot, de service
militaire obligatoire, d'organisation judiciaire uniforme, etc., l'echec
est certain.
Comme on ne transforme pas des masses d'hommes du jour au lendemain, il
faut adapter les institutions aux hommes et faire au temps sa part.
A ces clans gaulois, a ces feodaux, a ces communes marchandes, il
importe de ne demander que ce qu'ils peuvent donner et d'imiter nos rois
de France qui, pour batir leur royaume, procedaient lentement et
saisissaient toutes les occasions d'infiltrer leur autorite.
Pour reussir une tentative d'organisation politique de l'Albanie, il
faut lui donner un chef, qui soit pour les Albanais un symbole vivant de
cohesion; malheureusement, aucun homme en Albanie ne jouit d'un prestige
qui lui assure une reconnaissance unanime comme prince. La designation
d'un membre de la famille du Sultan aurait eu l'avantage de lui
concilier les musulmans, surtout des tribus, qui auraient vu en lui un
chef religieux. On ne saurait oublier l'importance de ces tribus et
leurs severes traditions religieuses; l'infiltration chez elles sera
difficile; la nomination d'un prince musulman l'aurait facilitee.
Par contre, un prince etranger trouvera peut-etre moins de defaveur
aupres des Albanais catholiques, mais il ne doit pas s'attendre a
rencontrer en eux un veritable appui; il ne saurait leur demander ni
hommes, ni argent; en ce cas, les influences religieuses et l'Autriche
pourront faciliter sa tache.
Enfin, il n'aurait pas ete impossible de concevoir autrement le point de
depart d'une organisation politique en Albanie; on aurait pu s'adresser
a une des grandes familles de beys, ayant deja dans le pays influence,
relations, richesses et hommes d'armes; des avances et des concours lui
auraient permis d'etendre peu a peu son rayon d'action; une politique
adroite aurait pu amener d'autres beys a se declarer feudataires du
prince albanais, au prix d'une assez large autonomie de fait, comportant
toutefois le paiement d'un tribut; ainsi, lentement, l'organisation
centrale aurait fait tache d'huile et pacifie le pays, non sans bien des
a-coups et des difficultes, d'ailleurs.
De tous ces systemes, c'est le second qui a ete choisi, sans doute
parce que l'Autriche et l'Italie ont cru ainsi s'assurer plus de
securite pour l'avenir. Les merites de l'homme designe pour cette oeuvre
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