temps des villes libres et des republiques marchandes,
Salonique serait la Hanse de la mer Egee sous le gouvernement des juifs
espagnols de culture francaise; mais ce temps a passe et ils se
contentent d'etre les grands banquiers de l'Orient et les intermediaires
de la Macedoine et de l'Occident.
Il y avait aussi dans l'ancienne Turquie d'Europe des villages slaves,
sans denomination nationale precise; longtemps ils n'ont ete ni serbes,
ni bulgares, parlant le slave de Macedoine, pratiquant l'orthodoxie, et
s'affirmant simplement Slaves; la propagande violente des Serbes et des
Bulgares pendant les vingt dernieres annees a ballotte ces villages du
"serbisme" au "bulgarisme"; en fait, toutefois, la conversion aux idees
nationales bulgares a ete la plus frequente; chacun l'explique a sa
maniere: les Bulgares et leurs amis disent qu'en Macedoine le fond de la
race est bulgare; c'est possible, mais quelle affirmation difficile a
prouver! Dans ces pays ou tous les peuples ont laisse des alluvions
successives, dans ces territoires qui ont connu les empires les plus
varies, si on raisonne sur la race et sur l'histoire, on entre dans
l'insoluble.
En realite, l'extension de la nationalite bulgare en Macedoine est due a
ce que les Slaves de Bulgarie ont fait plus longtemps que ceux de Serbie
partie de l'empire ottoman, qu'ils y ont poursuivi une propagande du
dedans, qu'ils etaient mieux situes geographiquement, qu'enfin et
surtout les Bulgares sont nes d'un melange de Turcs et de Slaves qui a
produit le resultat que l'on sait: un peuple aux immenses qualites et
aux immenses defauts, solide, resistant, travailleur, acharne,
opiniatre, homme de fond, paysan excellent avec lequel on peut compter
et batir, se battre et conquerir, puis tenir et organiser; mais un
peuple brutal, sans delicatesse ni finesse, incapable de comprendre un
accord et une concession, cruel et rude, aussi antipathique a l'homme
qui n'entre en relation avec lui que pour son plaisir que hautement
estime de qui prend contact avec ce peuple pour travailler en commun.
Avec ces qualites et ces defauts, comment les Bulgares n'auraient-ils
pas fait triompher en Macedoine leur propagande au detriment des Serbes?
Toutes ces nationalites, qu'on veuille bien le remarquer, ont ete
conservees durant les siecles de la domination turque par la religion;
la religion a ete le filtre magique qui a empeche la destruction du
sentiment national; qui l'a abandonnee a perdu en m
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